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 Sujet du message: Re: PERSONNAGES ET FAITS HISTORIQUES DE FRANCE (philatélie)
PostPublié: Mer Déc 29, 2010 3:02 am 
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Étienne-François de Choiseul, comte de Stainville puis duc de Choiseul, né le 28 juin 1719 à Nancy en Lorraine et mort le 8 mai 1785 à Chanteloup, ambassadeur puis secrétaire d'État de Louis XV.
Issu d’une grande famille originaire de Lorraine, il porte – comme son père – le prénom du dernier duc de Lorraine et de Bar, François III Étienne.

Fils aîné de François Joseph de Choiseul, marquis de Stainville (1700-1770), et de Françoise-Louise de Bassompierre, il prend d’abord le titre de son père lequel l’envoie faire carrière en France tandis que son cadet est destiné à servir l’Empire (le duc François III Étienne étant destiné à succéder à son beau-père l’Empereur Charles VI).

Il s’engage dans l’armée dans le régiment de Navarre, avec lequel il participe aux campagnes de Bohême en 1741 et d’Italie, notamment la bataille de Coni, pendant la guerre de Succession d'Autriche.

Choiseul possède à la fois des capacités aux affaires et de l’assiduité au travail, mais il manque de ténacité contre ses opposants. Physiquement il était petit et laid.

« Léger et frivole dans son privé jusqu’à l’effronterie, roué dans l’intrigue jusqu’au cynisme, il joignait aux grandes capacités de l’homme d’État le rayonnement d’un chef de parti, et de ce double fait il a dominé la vie politique de son temps ».

Son amoralisme dans les affaires de l’amour et du pouvoir – inextricablement enchevêtrées au long de sa carrière – ne l’empêchait pas d’avoir, à la différence de plusieurs de ses rivaux, une conception sérieuse et personnelle des tâches politiques.

Laïc et libéral – admirateur du système britannique – Bien qu'il ait souvent été considéré injustement comme n'ayant jamais eu le projet de réformer l’État (confère les Mémoires de Talleyrand). la réalité est plus complexe. Pour un homme d'Etat libéral, il est à l'origine de la modernisation des appareils de souveraineté tels que l'armée, la marine, la diplomatie afin de préparer la revanche contre l’Angleterre. De ce fait il a contribué de manière indirecte de la victoire de la Guerre d'indépendance américaine (voir Zysberg A. Nouvelle histoire de la France moderne. Tome 5, La monarchie des Lumières 1715-1786. Paris : Ed. du Seuil, 2002 , 552 p. (Collection : Points. Histoire, n°211, ISSN : 0768-0457)

Portrait de Choiseul par Carle Van Loo

Son domaine favori était la politique extérieure, où il incarne une vue exigeante, mais non point déraisonnable ni stérile de la fierté nationale et du « leadership » français. Il disputait à Kaunitz le titre de « cocher de l’Europe ». (Edgar Faure)

De 1745 à 1748 il est aux Pays-Bas pendant les sièges de Mons, Charleroi et Maastricht. Il atteint le rang de lieutenant général.

En 1750 il épouse Louise Honorine Crozat, fille de Louis François Crozat, marquis du Châtel (d. 1750), qui lui apporte une vaste fortune et se montre très dévouée.

Choiseul obtient la faveur de Madame de Pompadour en lui procurant des lettres que Louis XV a écrites à sa cousine Madame de Choiseul-Romanet, avec laquelle le roi eut une aventure galante.

Après avoir été brièvement bailli des Vosges, il est nommé ambassadeur à Rome en 1753, où il mène les négociations concernant les troubles provoqués par la résistance janséniste à la bulle papale Unigenitus.

Il agit avec efficacité et, en 1757, sa protectrice le fait nommer à Vienne, où on le charge de cimenter la nouvelle alliance entre la France et l’Autriche.

Sa réussite lui permet de devenir secrétaire d’État aux Affaires étrangères de 1758 à 1761, puis de 1766 à 1770, comme successeur de François-Joachim de Pierre de Bernis et donc de diriger la diplomatie française pendant la guerre de Sept Ans.

Il est fait alors « duc » et « pair de France ». En 1761, il négocie avec Jerónimo Grimaldi le troisième Pacte de famille Bourbon entre la France et l’Espagne.

Cette même année, il devient également secrétaire d’État à la Guerre et à la Marine, transférant le secrétariat d’État aux Affaires étrangères à son cousin Choiseul-Praslin qui posséda le domaine de Vaux-Praslin (Vaux-Le-Vicomte), où il se retira lors de la disgrâce de son puissant parent.

En 1766 il reprend les Affaires étrangères, Choiseul-Praslin prenant la Marine.

Arrivant au pouvoir alors que les esprits ont été démoralisés par les défaites de Rossbach et de Crefeld, il cherche à arrêter rapidement le conflit, signant le traité de Paris de 1763 qui transfère à la Grande-Bretagne le Canada et l’Inde mais conservant à la France les Antilles et la production du sucre.

Dans l’espoir qu’un nouveau conflit, cette fois-ci victorieux, pourra rétablir l’équilibre des puissances en Europe, il réforme avec énergie l’Armée et la Marine, et augmente le nombre de vaisseaux (grâce notamment au « don des vaisseaux »). Il investit dans les colonies des Antilles, notamment Saint-Domingue, et il achète la Corse à la république de Gênes.

En février 1766, il prend officiellement possession du Barrois et de la Lorraine au nom du roi. Sa gestion intérieure est jugée favorablement par les encyclopédistes qu’il soutient en bannissant les Jésuites.


Étienne-François de Choiseul, Madame de Brionne et l’abbé Barthélemy.
C’est une des raisons de sa chute, avec son soutien à La Chalotais, et l’opposition des parlements provinciaux à sa politique.

Ses ennemis, menés par la comtesse du Barry, maîtresse du roi, et le chancelier Maupeou, ont raison de lui. En 1770 il reçoit l’ordre de se retirer dans son château de Chanteloup près d’Amboise, où il mourut, qui fut vendu en 1786 par sa veuve au duc de Penthièvre. En 1794 le château est vidé de son mobilier par saisies révolutionnaires, puis acquis par Chaptal, dont le fils, pressé par ses créanciers, le vendit à "la Bande Noire", sorte d'association de marchands de biens et de matériaux qui le dépeça et le démolit, à l'exception des caves, des deux pavillons de l'avant-cour et de La Pagode qui, avec la forêt, fut rachetée ensuite par Louis-Philippe Ier.

Les intrigues contre lui avaient, cependant, augmenté sa popularité, laquelle était déjà grande, et durant son bannissement qui dure jusqu’en 1774 il est visité par des personnages puissants. Il apparaît alors comme un véritable chef de l’opposition. « Le duc de Choiseul, exilé à Chanteloup, y avait toute la France », observe l’abbé Morellet en 1773.

Fermant la traditionnelle perspective "traversante" entrée-avant-cour- cour d'honneur-château-jardins, il fait construire sur une colline par son architecte attitré, Louis-Denis Le Camus, une "pagode" de style chinois de sept étages dédiée "à l'Amitié", où il aurait fait graver sur des tables de marbre blanc les noms des 210 personnes de haute condition qui vinrent le visiter durant son exil.

Ses partisans n’eurent de cesse de contrecarrer toutes les tentatives de réforme, paradoxe d’un libéral à la tête d’un parti conservateur.

À l’avènement de Louis XVI, le 10 mai 1774, Choiseul espère son rappel. La mort de Louis XV et l’exil de la comtesse du Barry sont autant de circonstances favorables. Choiseul est expérimenté et populaire. De surcroit, il a été l’homme de l’alliance avec l’Autriche.

Mais en réalité, si Marie-Antoinette apprécie Choiseul et souhaite son retour, l’impératrice Marie-Thérèse se satisfait parfaitement du duc d’Aiguillon, qu’elle juge « doué de peu de génie et de talents, sans crédit et harcelé sans cesse par des factions ». Surtout, Louis XVI ne pardonne pas à Choiseul de s’être vivement opposé à son père, le Dauphin Louis-Ferdinand, à propos de l’expulsion des Jésuites en 1764, à tel point que lorsque le Dauphin mourut en 1765, le bruit courut que Choiseul l’avait fait empoisonner.

Aussi, le Roi ne rappelle-t-il pas ce dernier mais, cédant aux instances de la Reine, il met fin à son exil et lui permet de revenir à Paris. Il reparait à la Cour dès le 12 juin 1774, mais à cette date, Maurepas domine le Conseil et Vergennes occupe le secrétariat d’État aux Affaires étrangères.

Louis XVI lui réserve un accueil maussade, se bornant à lui dire : « Monsieur de Choiseul, vous avez perdu une partie de vos cheveux. » Choiseul comprend qu’il n’a plus rien à espérer et repart dès le lendemain pour Chanteloup où il meurt onze ans plus tard.


N°828
" Le duc de Choiseul avait le goût des aménagements somptueux. Ce fut un amateur d'art singulièrement averti. Son goût raffiné se manifeste dans une miniature de Van Blarenberghe, représentant (sa) chambre (...) les tableaux qui ornaient cet appartement ont été reproduits dans le "Cabinet de Choiseul" de Basan :

"L'Offrande à l'Amour" de Greuze (exposé au salon de 1769, coll. prince de Conti puis coll. Wallace), "Le Baiser envoyé" de Greuze, "La Jeune Grecque sortant du bain" par Vien, "Le Sacrifice à Priape" de Raoux, un secrétaire et une bibliothèque d'Oeben, "L'Innocence", statue de J.J.Caffieri (exposée au Salon de 1767) (...) Tous les appartements de Chanteloup sont ornés avec le même goût. Le musée de Tours conserve une grande quantité de toiles (...). Les jardins qui entouraient le palais étaient à l'unisson".

(René-Edouard André, "Documents inédits sur l'histoire du château et des jardins de Chanteloup", bulletin de la Société de l'Histoire de l'Art français, Librairie Armand Colin, 1935, p 29 et 30 - archives pers.).

"Les achats et les ventes de mobiliers et d'objets d'art par les Choiseul ont jalonné l'histoire de la curiosité et des collections de 1764 à 1875, dont les ventes prestigieuses de 1793 et 1808 (...) le goût Choiseul a été somptueux". (Patrice de Vogué, "Mémoire d'un chef-d'oeuvre, Vaux-Le-Vicomte", 1875-2008, Imprimerie Nationale, 2008, p.44).

Ainsi, la vente du 18 février 1793 à Paris des "Tableaux précieux de feu monsieur de Choiseul-Praslin", comptait "Le Repas" de Jordaens (anc coll. Randon de Boisset), "Le ménage du Menuisier" de Rembrandt (anc. coll. Gaignat), un "Portrait de Suzanne Fourment" par Rubens..les trois furent acquis par l'expert Lebrun pour le Museum (actuel musée du Louvre), et le bouclier de parade du roi Charles IX, attribué à Étienne Deleaume (musée du Louvre), "un des chefs-d'oeuvre de l'orfèvrerie française du XVIème siècle".

(Michel Beurdeley, "La France à l'Encan, 1789-1799, Fribourg, office du Livre, puis Paris, Jules Tallandier, 1981, pp. 126 à 130).



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PostPublié: Mer Déc 29, 2010 1:41 pm 
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Juliette ou Julie Récamier (de son nom complet : Jeanne Françoise Julie Adélaïde Bernard), dite Madame Récamier, née le 3 décembre 1777 à Lyon et morte le 11 mai 1849 à Paris, est une femme d'esprit et Merveilleuse du Directoire.
La famille de Juliette Bernard appartenait à la bourgeoisie de Lyon. Le père, Jean Bernard, était notaire royal. Nommé receveur des Finances, il monta à Paris en 1786. Il fut destitué sous le Consulat comme suspect de connivence avec les royalistes. Madame Bernard, issue d'un milieu aisé, était une femme coquette et intelligente.

En 1793, à 15 ans et en pleine Terreur, Juliette fut mariée à un ami de ses parents, M. Récamier, riche banquier de Paris avec lequel elle noua une relation affectueuse et platonique : elle en était vraisemblablement la fille naturelle, ce qu'elle apprit bien plus tard. Le salon qu'ouvrit Juliette Récamier devint bientôt le rendez-vous d'une société choisie, mais ne tarda pas à exciter les ombrages du pouvoir. La beauté et le charme de Madame Récamier lui suscitèrent une foule d'admirateurs. Elle fut l'une des premières à se meubler en style « étrusque » et à s'habiller « à la grecque », sous le Directoire, et joua de ce fait un rôle non négligeable dans la diffusion du goût pour l'Antique qui allait prévaloir sous l'Empire.


Portrait de Juliette Récamier assise, par le baron Gérard (1802)
Amie de Madame de Staël et après l'Empire, de Chateaubriand, elle fut une figure clé de l'opposition au régime de Napoléon. Son salon eut un rôle non négligeable dans la vie politique et intellectuelle de l'époque. Elle finit par être éloignée de Paris par la police impériale. Après avoir séjourné quelque temps de septembre 1811 à juin 1812 à Châlons-sur-Marne puis à Lyon, où elle se lia avec Camille Jordan et Ballanche, elle visita l'Italie et ne put revoir la France qu'après la chute de Napoléon. C'est également à cette époque qu'elle noue une relation avec Benjamin Constant, ex-amant de madame de Staël.

Éprouvée par de grands revers de fortune, elle alla s'installer en 1819 à l'Abbaye-aux-Bois à Paris, chez son amie la baronne de Bourgoing. Elle n'en fut pas moins recherchée du monde qu'elle fuyait, et vit sa retraite fréquentée par toutes les célébrités de l'époque : Chateaubriand, l'un des plus assidus, resta jusqu'à la mort son ami le plus intime. Elle était si chaste, et Chateaubriand si vieux, qu'on disait ;

Juliette et René s'aimaient d'amour si tendre
Que Dieu sans les punir a pu leur pardonner:
Il n'avait pas voulu que l'une pût donner
Ce que l'autre ne pouvait prendre.


Elle meurt à 72 ans le 11 mai 1849, sous la seconde république. Elle est inhumée au cimetière Montmartre à Paris aux côtés de Pierre-Simon Ballanche.

Elle avait rédigé ses mémoires, mais en mourant elle ordonna de les détruire. Elle a laissé un grand nombre de lettres, dont une partie a été publiée en 1859 par Mme Ch. Lenormant, sa nièce, sous le titre de Souvenirs et Correspondance de Mme Récamier.


N°875



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PostPublié: Mer Déc 29, 2010 1:50 pm 
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Robert Charles Surcouf (12 décembre 1773 à Saint-Malo - † 8 juillet 1827 à Saint-Servan) est un corsaire français. Marin intrépide, il harcela les marines marchandes et militaires britanniques, non seulement dans les mers de l'Europe, mais aussi dans celles de l'Inde. Il acquit de ce fait une réputation, et fit fortune en faisant la course et des opérations de spéculations commerciales. Il est fait Baron de l'Empire en 1810 et membre de la Légion d'honneur le 26 prairial an XII (14 juin 1804).

Fils de Charles-Ange Surcouf, sieur de Boisgris, et de Rose-Julienne Truchot de la Chesnais, il est notamment cousin de Duguay-Trouin par sa mère . Ses parents, commerçants, le destinaient à la prêtrise, mais il s'engage dès treize ans comme volontaire sur l'Aurore en partance vers les Indes. À vingt ans, il est déjà capitaine de La Créole qui fait le trafic d'esclaves. Aucun document ne permet de confirmer qu'il a commandé la Créole.

Surcouf embarque sur l'Aurore en 1789, il n'a pas encore 16 ans. C'est en 1787, à 13 ans et demi, qu'il a accompli son premier voyage sur le Héron.

Surcouf est né à Saint-Malo, rue du Pélicot pour certains, ou rue de la Bertaudière pour d'autres. Ce serait en 1787 qu'il embarque comme apprenti navigant (futur officier) sur le Héron qui part au cabotage.

En 1794, il est enseigne de vaisseau, faisant fonction de second sur la frégate la Cybelle dans l'océan Indien. Il connaît son baptême du feu lors du 1er combat de la Rivière Noire à l'île de France: la Cybelle, la frégate Prudente et la corvette Jean Bart, parviennent à chasser deux petits vaisseaux britanniques de 50 et 44 canons qui assuraient le blocus de l'île. Ce sera le seul combat de Surcouf dans la marine de l'État, refusant toujours par la suite le commandement de frégates. Il va rapidement devenir corsaire et n'aura jamais dépassé le grade d'enseigne dans la marine officielle.


Nommé capitaine à l'âge de vingt ans, il commanda successivement les corsaires la Clarisse, la Confiance et le Revenant.

Quelques jeunes gens de l'île de France armèrent un petit corsaire pour Surcouf, qui fit voile pour les côtes de l'Inde, avec un équipage de Lascars (marins indiens). À l'embouchure du Bengale, où il se dirigea d'abord, il rencontra un petit convoi escorté par un bateau-pilote, armé en guerre ; il aborda le bateau-pilote et le prit ; il s'empara ensuite des bâtiments marchands britanniques, se débarrassa de ses prises, de son propre navire, et passa sur le schooner avec dix-neuf hommes seulement.

Mais Robert Surcouf, le plus célèbre des armateurs malouins, entre dans la légende à vingt-trois ans, en 1796 quand, avec un équipage de 190 hommes, il prend à l'abordage un grand vaisseau britannique, trois fois plus important et plus armé que le sien.

Ce premier succès enhardit Surcouf, qui va tenir la mer, courant après tous les bâtiments qu'il apercevra, en corsaire non autorisé, car il est parti de l'île de France sans ces lettres-patentes, qu'on appelle lettres de marque, qui donnaient au vol sur mer sa légalité.

Peu après, avec son bateau, n'ayant que deux canons, Robert Surcouf met le cap sur un gros trois-mâts : c'était un vaisseau de la compagnie des Indes, monté par 150 Européens et armé de 26 canons de 12 ; il se nommait le Triton. Il dut son succès à un stratagème faisant cacher tout son équipage pour se faire passer pour un des pilotes du Gange. Surcouf se fit maître du vaisseau, n'ayant eu que deux blessés et un mort parmi les siens. Il fait signer un cartel d'échange à ses prisonniers, les envoie à Madras sur son petit schooner qu'il dépouille de toutes ses armes et mène son importante capture à l'île de France.

Il remet à la mer le plus tôt qu'il peut, pour profiter de la chance qui paraît lui sourire, et cette fois c'est avec un corsaire un peu plus grand.

Chassé par trois vaisseaux de la Compagnie, il parvient au moyen d'une manœuvre habile à les isoler ; puis, les attaquant séparément, il en enlève deux, et contraint le troisième à prendre la fuite.

Après plusieurs courses aventureuses, Robert Surcouf fut sur le point d'être dépouillé du fruit de ses dangers parce qu'il avait écumé la mer sans lettres de marque. Il avait armé en course sans autorisation à sa première croisière ; aussi quand il avait atterri avec le Triton, on avait confisqué sa prise.

Cependant les autorités de l'ile de France consultèrent le Directoire qui, voulant récompenser la bravoure du jeune corsaire, proposa au Corps législatif de lui décerner, à titre de don national, la valeur de ses prises qu'on avait vendues au profit de la colonie ; il reçut 700.000 francs.


La Confiance (18 canons et 190 hommes) prend le Kent (40 canons et 437 hommes). Par Ambroise-Louis Garneray, alors sous les ordres de Surcouf.
En 1801, il revint alors en à Saint-Malo, et M. Blaise de Maisonneuve - armateur - le trouvant assez riche, il épousa celle pour l'amour de laquelle il avait pris une carrière aussi aventureuse. Il pouvait vivre heureux à Saint-Malo ; mais un marin ne renonce pas si aisément à la mer. Surcouf, armateur et capitaine, fit de nouvelles campagnes, heureuses comme les précédentes. Surcouf, riche et considéré, ne resta pas longtemps oisif. Il avait goûté de la mer, comme disent les marins, et la terre semblait fade et monotone. Ses tempêtes, ses courses, ses combats, lui manquaient ; il partit de nouveau.

Par la suite, d'autres corsaires prendront la mer sous son service.

Robert Surcouf est célèbre pour ses activités de corsaire, dont le fait d'armes que constitua la prise du Kent (le 7 ou le 31 août ou encore le 7 octobre selon les sources, capture à la suite de laquelle on le surnomme le « Roi des Corsaires ») 1800 dans le Golfe du Bengale) et pour sa conception de la guerre sur mer contre la Grande-Bretagne plus orientée vers la guerre d'usure que l'affrontement d'escadres. Après la paix avec la Grande-Bretagne et alors qu'il participait à un dîner en présence de ses anciens ennemis britanniques, l'un d'eux lui dit : « Enfin, Monsieur, avouez que vous, Français, vous battiez pour l'argent tandis que nous, Anglais, nous battions pour l'honneur… » Surcouf lui répondit d'un ton calme : « Certes, Monsieur, mais chacun se bat pour acquérir ce qu'il n'a pas. » Surcouf, n'était pas seulement valeureux marin, il avait aussi le sens de la repartie. Pour lui, il est plus efficace de saper l'économie de l'adversaire que de détruire ses navires armés. Il finança lui-même l'armement de nombreux navires de guerre légers : l'Auguste, la Dorade, la Biscayenne, l'Edouard, l'Espadon, le Ville-de-Caen, l'Adolphe et le Renard.

Napoléon se déplacera en personne en 1803 pour le convaincre d'accepter une commission de capitaine (de vaisseau) et le commandement d'une escadre, que Surcouf refusera; on doit reconnaître qu'il n'avait pas tellement le sens de la discipline. Plaidant pour l'attaque des lignes de communication, peut-être a-t-il a contrario su convaincre son interlocuteur, puisque deux ans plus tard Napoléon instaurera un blocus économique contre la Grande-Bretagne; mais, après Trafalgar, il n'avait guère d'autre choix.

L'Empire abattu, Surcouf accomplit un autre exploit. Saint-Malo étant occupé par les Prussiens, il se prit de querelle avec eux et défia en duel tous les officiers du régiment concerné. Les Prussiens, se considérant comme experts au sabre, relevèrent l'offre très imprudemment: Surcouf tua ou blessa les 15 premiers à la suite mais laissa aller le dernier (qui était le plus jeune et devait probablement être quelque peu démoralisé par le spectacle auquel il avait assisté) pour qu'il puisse témoigner que tout s'était passé dans les règles. Après avoir disparu quelque temps, Surcouf revint tranquillement chez lui passer entre les siens le reste de son âge.

Le nom de l'intrépide corsaire était devenu la terreur du commerce britannique dans les parages de l'Inde, et le gouvernement britannique avait cru devoir renforcer de plusieurs frégates sa station dans ces mers. En 1813, Surcouf fut chargé de conduire en France le Charles, vieille frégate, qu'il avait achetée au gouvernement et armée en flûte. Elle portait un très riche chargement. Il échappa par son sang-froid et l'habileté de ses manœuvres aux croisières britanniques et manqua de se perdre en entrant à Saint-Malo ; mais son frère sauva le navire.

N°894
Le frère du capitaine Surcouf, Nicolas Surcouf, intrépide marin comme lui, fut son second pendant près de 15 ans, et contribua à ses succès maritimes et commerciaux .

Surcouf consacra la dernière partie de sa vie à des spéculations commerciales, qui furent pour lui une nouvelle source de richesses. On croit que sa fortune s'élevait à la fin de sa vie à plus de 3 millions de francs.

Surcouf mourut d'un cancer le 8 juillet 1827 dans une maison de campagne qu'il possédait près de Saint-Servan, et fut inhumé à Saint-Malo.

Surcouf est considéré comme l'un des meilleurs marins que la France ait jamais eus. Redoutable, intenable sur tous les bords, c'est grâce à lui que de nombreux vaisseaux britanniques furent détournés en faveur de la Monarchie, de la République, du Directoire, du Consulat et de l'Empire. Il réussit en seulement cinq années à attaquer une cinquantaine de navires britanniques et portugais alors alliés, essentiellement des navires marchands, n'hésitant pas à jeter ses canons à la mer lorsqu'il croise une frégate.

Il est également considéré comme l'inventeur d'une ruse de nuit (que l'on peut retrouver dans les aventures de Barbe-Rouge en bande dessinée ou dans le film Master and Commander) qui consiste à faire un petit radeau où l'on accroche des lanternes de manière à faire croire à ses poursuivants que le navire se situe à un autre endroit. A noter que Surcouf n'a exercé aucune tentative ni manœuvre contre les navires anglais lors du transport, à partir du 7 août 1815, de Napoléon 1er vers l'île de Sainte Hélène.

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 Sujet du message: Re: PERSONNAGES ET FAITS HISTORIQUES DE FRANCE (philatélie)
PostPublié: Jeu Déc 30, 2010 2:53 am 
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Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, communément nommé Talleyrand, est un homme politique et diplomate français, né le 2 février 1754 à Paris, mort dans cette même ville le 17 mai 1838.

Issu d'une famille de la haute noblesse, boiteux, il est orienté vers la carrière ecclésiastique à la suite de son oncle, l'archevêque de Reims : il devient prêtre puis évêque d'Autun, avant de quitter le clergé pendant la Révolution pour mener une vie laïque.

Talleyrand occupe des postes de pouvoir politique durant la majeure partie de sa vie et sous la plupart des régimes successifs que la France connaît à l'époque : il est notamment agent général du clergé sous l'Ancien Régime, député, président de l'Assemblée nationale et ambassadeur pendant la Révolution française, ministre des Relations extérieures sous le Directoire, le Consulat puis sous le Premier Empire, ambassadeur, ministre des Affaires étrangères et président du Conseil des ministres sous la Restauration, ambassadeur sous la Monarchie de Juillet. Il assiste à quatre couronnements.

Il intervient fréquemment dans les questions économiques et financières, pour lesquelles son acte le plus fameux est la proposition de nationalisation des biens du clergé. Toutefois, sa renommée provient surtout de sa carrière diplomatique exceptionnelle, dont l'apogée est le congrès de Vienne. Homme des Lumières, libéral convaincu, tant du point de vue politique et institutionnel que social et économique, Talleyrand théorise et cherche à appliquer un « équilibre européen » entre les grandes puissances.

Réputé pour sa conversation, son esprit et son intelligence, il mène une vie entre l'Ancien Régime et le XIXe siècle. Décrit comme le « diable boiteux », un traître cynique plein de vices et de corruption, ou comme un dirigeant pragmatique et visionnaire, soucieux d'harmonie et de raison, admiré ou détesté par ses contemporains, il suscite de nombreuses études historiques et artistiques.


Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, par Pierre-Paul Prud'hon, 1809 (Château de Valençay)
En 1770, âgé de seize ans, il entre au séminaire Saint-Sulpice, où, selon ses mémoires, il fait preuve de mauvaise humeur et se retranche dans la solitude.

Le 28 mai 1774, il reçoit les ordres mineurs. Le 22 septembre 1774, il obtient un baccalauréat en théologie à la Sorbonne. Sa thèse est acquise grâce à sa naissance plutôt qu'à son travail : elle est rédigée au moins en partie par son directeur de thèse de la Sorbonne, Charles Mannay, et il obtient une dispense d'âge qui lui permet de la présenter à 20 ans au lieu des 22 requis. À 21 ans, le 1er avril 1775, il reçoit le sous-diaconat, premier ordre majeur, en dépit de ses avertissements : « On me force à être ecclésiastique, on s'en repentira », fait-il savoir. Peu après, le 3 mai, il devient chanoine de la cathédrale de Reims, puis, le 3 octobre, abbé commendataire de Saint-Denis de Reims, ce qui lui assure un revenu confortable.

Le 11 juin 1775, il assiste au sacre de Louis XVI, auquel participent son oncle comme coadjuteur de l'évêque consécrateur et son père comme otage de la sainte Ampoule. Cette année-là, en dépit de son jeune âge, il est député du second ordre et surtout promoteur de l'assemblée du clergé.

En mars 1778, alors qu'il est licencié en théologie, il rend visite à Voltaire, qui le bénit devant l'assistance. La veille de son ordination, Auguste de Choiseul-Gouffier raconte l'avoir découvert prostré et en pleurs. Son ami insiste pour qu'il renonce mais Talleyrand lui répond : « Non, il est trop tard, il n'y a plus à reculer » ; cette anecdote serait une invention, d'après Emmanuel de Waresquiel. Il est ordonné prêtre le lendemain, 18 décembre 1779. Le surlendemain, il célèbre devant sa famille sa première messe, et son oncle le nomme vicaire général de l'évêché de Reims.

L'année suivante, au printemps 1780, il devient, toujours grâce à son oncle, agent général du clergé de France, charge qui l'amène à défendre les biens de l'Église face aux besoins d'argent de Louis XVI. Il fait ainsi accepter en 1782 un « don gratuit » au roi de plus de 15 millions de livres pour couper court aux menaces de confiscation venant de la couronne. Il intervient également dans la crise de la Caisse d'escompte de 1783 et doit gérer la colère du bas-clergé en maniant la carotte et le bâton. Tous ces travaux lui permettent de s'initier à la finance, aux affaires immobilières et à la diplomatie ; il prend connaissance de l'étendue de la richesse du clergé et noue de nombreuses relations parmi les hommes d'influence de l'époque. Élu secrétaire de l'Assemblée générale de 1785-1786, il est félicité par ses pairs à l'occasion de son rapport final.

Il fréquente et anime les salons libéraux proches des Orléans et noue de nombreuses relations dans ce milieu. Installé rue de Bellechasse, il a pour voisin Mirabeau : les deux hommes se lient d'amitié, de politique et d'affaires. Il est alors proche de Calonne, ministre impopulaire de Louis XVI ; il participe à la négociation du traité de commerce avec la Grande-Bretagne conclu en 1786. Il fait ainsi partie des rédacteurs du plan de Calonne pour réformer complètement les finances du royaume et qui reste à l'état de projet en raison de la crise financière et du départ du ministre.

Son statut d'ancien agent général du clergé doit en principe le propulser rapidement à l'épiscopat alors que croissent ses besoins d'argent ; pourtant, la nomination tarde à venir. L'explication généralement donnée par les historiens est sa vie dissolue, avec son goût pour le jeu, pour le luxe, et ses maîtresses, ce qui indispose Alexandre de Marbeuf, évêque d'Autun et responsable des nominations, et qui choque Louis XVI. Emmanuel de Waresquiel conteste cette analyse, expliquant cette attente par la notoriété de ses amitiés orléanistes hostiles au clan de la reine et par la perte d'influence de sa famille.

Le 2 novembre 1788, il est finalement nommé évêque d'Autun, grâce à la requête que son père mourant a adressée à Louis XVI. « Cela le corrigera », aurait déclaré le roi en signant la nomination. Le 3 décembre, il reçoit également le bénéfice de l'abbaye de Celles. Il est sacré le 16 janvier 1789 par Mgr de Grimaldi, évêque de Noyon. Ernest Renan raconte, parlant d’un de ses professeurs à Saint-Sulpice :

« M. Hugon avait servi d'acolyte au sacre de M. de Talleyrand à la chapelle d'Issy, en 1788. Il paraît que, pendant la cérémonie, la tenue de l'abbé de Périgord fut des plus inconvenantes. M. Hugon racontait qu'il s'accusa, le samedi suivant, en confession, « d'avoir formé des jugements téméraires sur la piété d'un saint évêque ». »
— Ernest Renan, Souvenirs d’enfance et de jeunesse

Après une campagne courte et efficace, il est élu le 2 avril député du clergé d'Autun aux états généraux de 1789. Le 12 avril au matin, un mois après être arrivé et esquivant la messe de Pâques, Talleyrand quitte définitivement Autun et rentre à Paris pour l'ouverture des états généraux, le 5 mai, qui marque le début de la Révolution française.


Talleyrand, gravure d'après le portrait de François Gérard
Durant les états généraux, Talleyrand se rallie au tiers état le 26 juin, avec la majorité du clergé et la veille de l'invitation de Louis XVI à la réunion des ordres. Le 7 juillet, il demande la suppression des mandats impératifs ; le 14 juillet 1789 (renouvelé le 15 septembre), il est le premier membre nommé au comité de constitution de l'Assemblée nationale. Il est ainsi signataire de la Constitution présentée au roi et acceptée par celui-ci le 14 septembre 1791 et est l'auteur de l'article VI de la déclaration des droits de l'Homme, qui lui sert de préambule :

« La loi est l'expression de la volonté générale. Elle doit être la même pour tous, soit qu'elle protège, soit qu'elle punisse. »
— Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789

Le 10 octobre 1789, il dépose une motion auprès de l'Assemblée constituante, qui propose d'utiliser « les grands moyens » pour renflouer les caisses de l'État : la nationalisation des biens de l'Église. Selon lui :

« Le clergé n'est pas propriétaire à l'instar des autres propriétaires puisque les biens dont il jouit et dont il ne peut disposer ont été donnés non pour l'intérêt des personnes mais pour le service des fonctions. »
Défendu par Mirabeau, le projet est voté le 2 novembre. Fêté par Le Moniteur, couvert d'injures dans des pamphlets, « faisant l'horreur et le scandale de toute sa famille », Talleyrand devient pour une partie du clergé celui qui a trahi son ordre, son ancien poste de brillant Agent général le rendant d'autant plus détestable à ceux pour qui il est « l'apostat ». Le 28 janvier 1790, il propose d'accorder le statut de citoyen aux juifs, ce qui donne de nouveaux arguments aux pamphlétaires. Le 16 février, il est élu président de l'Assemblée avec 373 voix contre 125 à Sieyès. Alors que la Constitution va être adoptée, Talleyrand et les royalistes constitutionnels sont alors à l'apogée de leur influence sur la Révolution.

Talleyrand propose à l'Assemblée constituante le 7 juin 1790 le principe d'une fête célébrant l'unité des Français, où les gardes nationaux serviraient de représentants : la fête de la Fédération, sur le Champ-de-Mars. Nommé à cet office par le roi, il célèbre la messe devant 300 000 personnes le 14 juillet 1790, même s'il est peu familier de l'exercice ; montant sur l'estrade supportant l'autel, il aurait dit à La Fayette : « Par pitié, ne me faites pas rire ».

En mars 1790, il propose l'adoption du système d'unification des mesures.

Le 28 décembre 1790, Talleyrand prête serment à la constitution civile du clergé, puis démissionne de sa charge épiscopale au milieu du mois de janvier 1791, sous le prétexte de son élection comme administrateur du département de Paris. Pourtant, comme les deux premiers évêques constitutionnels (Louis-Alexandre Expilly de La Poipe, évêque du Finistère, et Claude Marolles, évêque de l'Aisne) n'arrivent pas à trouver d'évêque pour les sacrer, Talleyrand est obligé de se dévouer. Il manœuvre deux évêques (les prélats in partibus de Lydda, Jean-Baptiste Gobel et de Babylone, Jean-Baptiste Miroudot du Bourg) pour l'assister : le sacre a lieu le 24 février 1791, suivi par quatorze autres, les nouveaux évêques étant parfois appelés « talleyrandistes ». Peu après, dans le bref Quod aliquantum du 10 mars 1791, puis Caritas du 13 avril 1791, le pape Pie VI exprime sa douleur devant cet acte schismatique et prend en compte la démission de Talleyrand de sa charge, le menaçant d'excommunication sous quarante jours s'il ne revient pas à résipiscence.

Durant l'année 1791, alors que meurt son ami Mirabeau, il dirige la rédaction d'un important rapport sur l'instruction publique, qu'il présente à l'assemblée constituante juste avant sa dissolution, les 10, 11 et 19 septembre et qui provoque la création de l'Institut de France.

Alors qu'il n'est plus député, du 24 janvier au 10 mars 1792, Talleyrand est envoyé en mission diplomatique à Londres, pour des achats de chevaux et afin de prendre la température sur une possible neutralité des Britanniques. Il y retourne le 29 avril avec François Bernard Chauvelin. En dépit de l'atmosphère hostile, ils obtiennent la neutralité le 25 mai. Talleyrand rentre à Paris le 5 juillet et, le 28, démissionne de son poste d'administrateur du département de Paris.

Le serment de La Fayette à la fête de la Fédération. Talleyrand officie à droite.
la suite de la journée du 10 août 1792, anticipant la Terreur, il demande à être renvoyé à Londres. Le 7 septembre, il arrache un ordre de mission à Danton, en pleins massacres de Septembre, sous le prétexte de travailler à l'extension du système de poids et de mesures. Cela lui permet de prétendre qu'il n'a pas émigré : « Mon véritable but était de sortir de France, où il me paraissait inutile et même dangereux pour moi de rester, mais d'où je ne voulais sortir qu'avec un passeport régulier, de manière à ne m'en pas fermer les portes pour toujours ». Il part le 10 septembre.

Le 5 décembre, un décret d'accusation est porté contre le « ci-devant évêque d'Autun » après l'ouverture de l'armoire de fer qui révèle les liens entre lui, Mirabeau et la famille royale ; se gardant bien de revenir en France, Talleyrand est porté sur la liste des émigrés à sa parution, par arrêté du 29 août 1793.

Affirmant être là pour vendre sa bibliothèque, il vit paisiblement à Kensington « pendant toute l'effroyable année 1793 », fréquente les constitutionnels émigrés, noue des relations avec des Anglais influents et souffre à la fois du manque d'argent et de la haine des premiers émigrés. Fin janvier 1794, on lui annonce que le roi George III ordonne son expulsion, en vertu de l'alien bill (« loi sur les étrangers »). Il part en mars 1794 et se réfugie aux États-Unis pendant deux ans, vivant à Philadelphie, New York et Boston. Là, il cherche à faire fortune, grâce à la spéculation sur les terrains, prospectant dans les forêts du Massachusetts. Il arme même un navire pour commercer avec l'Inde, mais pense surtout à revenir en France.

Suite à la fin de la Terreur, il adresse à la Convention thermidorienne, le 15 juin 1795, une pétition plaidant sa cause ; dans le même temps, Germaine de Staël, avec qui Talleyrand correspond, fait en sorte que Marie-Joseph Chénier réclame son retour à l'Assemblée. Par un discours du 4 septembre 1795, ce dernier obtient la levée du décret d'accusation à l'encontre de Talleyrand. Il est rayé de la liste des émigrés et, après avoir fait escale à Hambourg et Amsterdam, retrouve la France du jeune Directoire le 20 septembre 1796
Peu après son arrivée, Talleyrand entre à l'Institut de France, où il a été élu le 14 décembre 1795 à l'Académie des sciences morales et politiques avant même son départ des États-Unis ; il publie deux essais sur la nouvelle situation internationale, fondés sur ses voyages hors de France. Il participe à la fondation du Cercle constitutionnel, républicain, en dépit de ses amitiés orléanistes et de l'hostilité des conventionnels, qui voient en lui un contre-révolutionnaire.

N'arrivant pas à se faire nommer ministre des Relations extérieures à la place de Charles Delacroix, envoyé comme ambassadeur auprès de la République batave, il fait jouer l'influence de plusieurs femmes, surtout son amie Germaine de Staël. Cette dernière fait le siège de Barras, le plus influent des directeurs, qu'elle supplie dans des scènes enflammées, finissant par obtenir son accord. Talleyrand préfère raconter dans ses mémoires qu'arrivant pour dîner chez Barras, il le découvre effondré par la noyade de son aide de camp et le console longuement, d'où la bienveillance du directeur à son égard. Dans le jeu des nominations du remaniement du 16 juillet 1797, qui intervient dans les prémices du coup d'État du 18 Fructidor, Barras obtient l'accord des autres Directeurs, qui sont pourtant hostiles à l'ancien évêque.

Lors de sa nomination, Talleyrand aurait dit à Benjamin Constant : « Nous tenons la place, il faut y faire une fortune immense, une immense fortune ». De fait, et dès cet instant, cet « homme d'infiniment d'esprit, qui manquait toujours d'argent » prend l'habitude de recevoir d'importantes sommes d'argent de l'ensemble des États étrangers avec lesquels il traite. Fin 1797, il provoque même un incident diplomatique en faisant demander des pots-de-vin à trois envoyés américains : c'est l'affaire XYZ qui provoque la « quasi-guerre ».

« M. de Talleyrand évaluait lui-même à soixante millions ce qu'il pouvait avoir reçu en tout des puissances grandes ou petites dans sa carrière diplomatique. »
— Charles-Augustin Sainte-Beuve, Nouveaux Lundis

Dès sa nomination, Talleyrand écrit à Napoléon Bonaparte :

« J'ai l'honneur de vous annoncer, général, que le Directoire exécutif m'a nommé ministre des Relations extérieures. Justement effrayé des fonctions dont je sens la périlleuse importance, j'ai besoin de me rassurer par le sentiment de ce que votre gloire doit apporter de moyens et de facilité dans les négociations. Le nom seul de Bonaparte est un auxiliaire qui doit tout aplanir. Je m'empresserai de vous faire parvenir toutes les vues que le Directoire me chargera de vous transmettre, et la renommée, qui est votre organe ordinaire, me ravira souvent le bonheur de lui apprendre la manière dont vous les aurez remplies. »
— Lettre de Talleyrand à Napoléon Bonaparte

Séduit par le personnage, Bonaparte écrit au Directoire pour lui signifier que le choix de Talleyrand « fait honneur à son discernement ». Une importante correspondance suit ; dans celle-ci, Bonaparte exprime très tôt le besoin de renforcer l'exécutif[98]. Il n'en fait qu'à sa tête en Italie : le traité de Campo-Formio est signé le 17 octobre 1797 et Talleyrand le félicite malgré tout. Le 6 décembre, les deux hommes se rencontrent pour la première fois, alors que Bonaparte revient couvert de gloire de la campagne d'Italie. Le 3 janvier 1798, Talleyrand donne une fête somptueuse en son honneur en l'hôtel de Galliffet, où est installé le ministère. Il incite Bonaparte à tenter l'expédition d'Égypte et favorise son départ, tout en refusant de s'y impliquer activement, ne se rendant pas comme convenu avec Bonaparte à Constantinople, et provoquant ainsi la colère du général.

Le Directoire, en particulier Jean-François Reubell qui déteste Talleyrand, traite lui-même les affaires importantes et l'utilise comme un exécutant. La politique de Talleyrand, qui va parfois à l'encontre même de celle des directeurs, a pour but de rassurer les États européens et d'obtenir l'équilibre et la paix ; il fait part de ses réserves sur la politique de « libération » des pays conquis. Il prend possession de l'administration des Affaires étrangères, qu'il garnit d'hommes travailleurs, efficaces, discrets et fidèles, même si c'est le Directoire qui choisit les ambassadeurs, sans même le consulter.

Il prend des contacts avec Sieyès et avec les généraux Joubert qui meurt peu après, Brune, puis Bonaparte lorsqu'il revient d'Égypte, dans l'optique du renversement du Directoire. Le 13 juillet 1799, prenant pour prétexte les attaques menées contre lui par la presse et par un obscur adjudant-général qui lui intente un procès et le gagne, il démissionne du ministèrequ'il quitte le 20 juillet. Il se consacre à la préparation du coup d'État du 18 Brumaire (9 novembre 1799) en conspirant contre le Directoire avec Bonaparte et Sieyès. Le jour dit, il est chargé de réclamer sa démission à Barras : il y parvient si bien qu'il conserve par-devers lui la compensation financière qui était destinée à ce dernier[

Mme de Staël par Mme Vigée-Lebrun



fin de la 1ère partie



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PostPublié: Jeu Déc 30, 2010 3:11 am 
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Après le coup d'État, il retrouve son rôle de ministre face aux cours européennes peu mécontentes de la fin du Directoire. Bonaparte et Talleyrand s'accordent sur le fait que les affaires étrangères relèvent du domaine exclusif du Premier Consul : le ministre ne rend compte qu'à Bonaparte. Pour François Furet, Talleyrand est « pendant presque huit ans le second rôle du régime ».

Bonaparte accède aux vues de Talleyrand et écrit amicalement au roi de Grande-Bretagne, puis à l'empereur d'Autriche, qui refusent de façon prévisible les propositions de réconciliation, sans même accuser réception des lettres. Le tsar de Russie Paul Ier se montre plus favorable : un traité est négocié et signé. Cependant, Paul Ier est assassiné en 1801 par un groupe d’ex-officiers. Son fils Alexandre Ier lui succède.

Les traités de Mortefontaine du 30 septembre 1800 pour la pacification des relations avec les États-Unis, et de Lunéville du 9 février 1801 pour la paix avec l'Autriche vaincue à Marengo, ainsi que la paix d'Amiens du 25 mars 1802 avec le Royaume-Uni et l'Espagne, sont négociés principalement par Napoléon et Joseph Bonaparte : d'après Mme Grand, « le Premier Consul a tout fait, tout rédigé ». Même s'il désapprouve la méthode brutale de négociation, Talleyrand approuve la paix générale, dont les négociations lui permettent de surcroît de gagner beaucoup d'argent, grâce à des trucages et pots-de-vin divers. Il manœuvre les Italiens afin qu'ils élisent Bonaparte président de la République italienne. Les espoirs du ministre sont cependant déçus :

« La paix d'Amiens était à peine conclue, que la modération commença à abandonner Bonaparte ; cette paix n'avait pas encore reçu sa complète exécution, qu'il jetait déjà les semences de nouvelles guerres qui devaient après avoir accablé l'Europe et la France, le conduire lui-même à sa ruine. »
— Mémoires de Talleyrand

La même année, il achète le château de Valençay, encore sur injonction de Bonaparte et avec son aide financière. Le domaine s'étend sur environ 200 km2, ce qui en fait l'une des plus grandes propriétés privées de l'époque. Talleyrand y séjourne régulièrement, en particulier avant et après ses cures thermales à Bourbon-l'Archambault.

En 1804, face à l'augmentation du nombre d'attentats perpétrés par des royalistes contre Bonaparte, Talleyrand joue un rôle d'instigateur ou de conseiller dans l'exécution du duc d'Enghien, rôle dont l'importance suscitera un débat durant la Restauration suite aux accusations de Savary : selon Barras, Talleyrand conseille à Bonaparte de « mettre entre les Bourbons et lui un fleuve de sang » ; selon Chateaubriand, il « inspira le crime ». Le 21 mars, alors que l'arrestation du duc n'est pas encore connue, Talleyrand déclare à l'assistance, à deux heures du matin : « Le dernier Condé a cessé d'exister ». Dans ses mémoires, Bonaparte indique que « c'est Talleyrand qui [l]'a décidé à arrêter le duc d'Enghien », mais revendique l'exécution comme sa décision personnelle. À la Restauration, en 1814, Talleyrand fait disparaître tous les documents se rapportant à cette affaire ; il nie par la suite avoir pris part à cette exécution, dans une annexe de ses mémoires[

Talleyrand, détail du Sacre de Napoléon
Nommé grand chambellan le 11 juillet 1804, Talleyrand, qui a poussé Bonaparte à instituer l'hérédité du pouvoir, assiste le 2 décembre au sacre de Napoléon Ier. Il est également nommé grand cordon de la Légion d'honneur le 1er février 1805, dans la première promotion.

En 1805 commence la campagne d'Autriche. Talleyrand suit l'empereur dans ses trajets à travers l'Europe. À son arrivée à Strasbourg, il assiste à une violente crise de ce dernier, qui pour Georges Lacour-Gayet s'apparente à une crise d'épilepsie. Au lendemain de la victoire d'Ulm, il envoie de Strasbourg un rapport à l'empereur sur la nécessaire modération à observer vis-à-vis de l'Autriche afin d'instaurer un équilibre entre les quatre (France, Royaume-Uni, Autriche, Russie — auxquels il ajoute la Prusse). Après l'éclatante victoire d'Austerlitz et l'écrasante défaite de Trafalgar, Talleyrand signe à contrecœur (selon Metternich, il commence à envisager sa démission) le traité de Presbourg (26 décembre 1805), annonçant la création de la Confédération du Rhin, qu'il rédige sur ordre de l'empereur mais où il essaie d'adoucir les conditions imposées à l'Autriche. En accordant dix pour cent de rabais et des délais sur les sanctions financières, il mécontente Napoléon, qui le suspecte d'avoir été corrompu :

« L'Autriche, dans l'état de détresse où elle était réduite, ne pouvait que subir les conditions imposées par le vainqueur. Elles étaient dures, et le traité fait avec M. d'Haugwitz rendait pour moi impossible de les adoucir sur d'autres articles que celui des contributions. [Napoléon] m'écrivit à quelque temps de là : "Vous m'avez fait à Presbourg un traité qui me gêne beaucoup." »
— Mémoires de Talleyrand

Nicolas Gosse, Le traité de Tilsit. Talleyrand est de face en haut de l'escalier, à gauche.
En 1806, il reçoit le titre de « prince de Bénévent », État confisqué au pape où il ne se rend pas une seule fois, se contentant d'envoyer un gouverneur. Le 12 juillet de la même année, il signe le traité créant la Confédération du Rhin, prolongeant la volonté de Napoléon par ses nombreuses négociations. Amorçant la critique de la politique guerrière de ce dernier sans oser le défier, toujours déçu dans ses conseils de modération et étant en contact permanent avec l'Autriche dans l'espoir d'un rapprochement, il commence à communiquer des informations au tsar Alexandre Ier via son ami le duc de Dalberg. En 1807, après une série de victoires de Napoléon (Eylau, Dantzig, Heilsberg, Guttstadt, Friedland), il rédige (se « content[ant] de tenir la plume ») et signe le traité de Tilsit. Il se déclare « indigné » par le traitement réservé aux vaincus, en particulier la reine de Prusse, et mécontent d'être un « ministre des Relations extérieures sans emploi ». Il prend certainement à cette occasion la décision de démissionner de son poste de ministre à son retour de Varsovie, voire l'annonce dès cet instant à Napoléon. Cela ne l'empêche pas de favoriser le rapprochement entre ce dernier et Marie Walewska. Sa démission est effective le 10 août 1807. Le 14, il est nommé vice-grand-électeur de l'Empire.

Talleyrand se détache peu à peu de l'empereur, mais reste cependant son conseiller : il lui déconseille fortement d'entamer la guerre en Espagne, « en exposant l'immoralité et les dangers d'une pareille entreprise ». L'empereur ne tient pas compte de l'avertissement et capture par la ruse les infants d'Espagne, puis confie leur garde à Talleyrand, qui les loge durant sept ans à Valençay, hospitalité qui se révèle agréable aux prisonniers.

En septembre 1808, Napoléon le charge de le seconder à l'entrevue d'Erfurt avec le tsar de Russie, sans ignorer que Talleyrand est hostile à l'alliance qu'il cherche, lui préférant la voie autrichienne. Pendant les discussions en marge des entrevues entre les deux empereurs, Talleyrand va jusqu'à déconseiller à Alexandre de s'allier avec Napoléon, en lui déclarant : « Sire, que venez-vous faire ici ? C'est à vous de sauver l'Europe, et vous n'y parviendrez qu'en tenant tête à Napoléon. Le peuple français est civilisé, son souverain ne l'est pas ; le souverain de la Russie est civilisé, son peuple ne l'est pas ; c'est donc au souverain de la Russie d'être l'allié du peuple français », puis « le Rhin, les Alpes, les Pyrénées sont la conquête de la France ; le reste est la conquête de l'Empereur ; la France n'y tient pas ». C'est la « trahison d'Erfurt », « fourberie » (pour Georges Lacour-Gayet) qu'il détaille longuement dans ses mémoires, affirmant avoir manœuvré l'un et l'autre empereur pour préserver l'équilibre européen (« à Erfurt, j'ai sauvé l'Europe d'un complet bouleversement ») et qui lui vaudra plus tard l'inimitié des bonapartistes. Pour l'heure, Napoléon, qui ignore le sabotage, est surpris du manque de réussite de ses discussions avec Alexandre, et l'alliance ne se fait pas, la convention étant devenue « insignifiante ».

Alors que l'on reste sans nouvelles de l'empereur depuis l'Espagne, où la guérilla fait rage, et que la rumeur de sa mort se répand, Talleyrand intrigue au grand jour avec Joseph Fouché pour offrir la régence à l'impératrice Joséphine, en cherchant le soutien de Joachim Murat. Le 17 janvier 1809, en Espagne, Napoléon apprend la conjuration et accourt à Paris, arrivant le 23. Le 28, durant trente minutes, il abreuve Talleyrand d'injures ordurières à l'issue d'un conseil restreint de circonstance (la phrase célèbre « vous êtes de la merde dans un bas de soie » n'est peut-être pas prononcée en cette circonstance), l'accuse de trahison et lui retire son poste de grand chambellan. Talleyrand est convaincu d'être arrêté, mais reste impassible : il aurait dit à la sortie dudit conseil : « Quel dommage, Messieurs, qu'un aussi grand homme ait été si mal élevé ». Au contraire de Fouché qui joue profil bas, il se présente toujours à la cour et ce dès le lendemain de la fameuse scène, fait jouer les femmes auprès de Napoléon mais ne dissimule pas son opposition :


Nicolas Gosse, Napoléon reçoit à Erfurt l’ambassadeur d’Autriche, sous le regard de Talleyrand, entre eux deux.
« Napoléon avait eu la maladresse (et on en verra plus tard la conséquence) d'abreuver de dégoût ce personnage si délié, d'un esprit si brillant, d'un goût si exercé et si délicat, qui, d'ailleurs, en politique lui avait rendu autant de services pour le moins que j'avais pu lui en rendre moi-même dans les hautes affaires de l'État qui intéressaient la sûreté de sa personne. Mais Napoléon ne pouvait pardonner à Talleyrand d'avoir toujours parlé de la guerre d'Espagne avec une liberté désapprobatrice. Bientôt, les salons et les boudoirs de Paris devinrent le théâtre d'une guerre sourde entre les adhérents de Napoléon d'une part, Talleyrand et ses amis de l'autre, guerre dont l'épigramme et les bons mots étaient l'artillerie, et dans laquelle le dominateur de l'Europe était presque toujours battu. »
— Mémoires de Joseph Fouché

Menacé d'exil avec son comparse, voire dans sa vie, il n'est finalement pas inquiété, conserve ses autres postes et l'empereur le consulte toujours. Pour Jean Orieux, il est pour Napoléon « insupportable, indispensable et irremplaçable » : Talleyrand travaille à son divorce et à son remariage, en lui suggérant le « mariage autrichien », qu'il plaide dans le conseil extraordinaire du 28 janvier 1810. Il est alors gêné financièrement, du fait de la perte de ses charges et du coût de l'hébergement des infants d'Espagne, que la dotation de Napoléon ne couvre pas complètement. La faillite de la banque Simons, dans laquelle il perd un million et demi, le met alors dans une position si délicate qu'il sollicite en vain un prêt au tsar. Il reçoit cependant toujours des pots-de-vin et finit par vendre une nouvelle fois sa bibliothèque. En 1811, Napoléon finit par le sortir de ses ennuis financiers en lui achetant l'hôtel Matignon ; deux ans plus tard, Talleyrand déménage dans l'hôtel de Saint-Florentin.

En 1812, dans le cadre de la préparation de la campagne de Russie, Napoléon pense emprisonner préventivement Fouché et Talleyrand, tout en envisageant d'envoyer ce dernier comme ambassadeur en Pologne. Talleyrand accueille la nouvelle de la retraite de Russie en déclarant : « c'est le commencement de la fin » ; il intensifie ses relations d'intrigue. En décembre 1812, Talleyrand incite sans succès Napoléon à négocier la paix et à accorder d'importantes concessions ; il refuse le poste de ministre des Relations extérieures que lui propose à nouveau l'empereur. Il écrit à Louis XVIII via son oncle, début d'une correspondance qui dure toute l'année 1813 ; la police impériale intercepte certaines lettres et l'empereur pense l'exiler et le poursuivre en justice. Pourtant Napoléon suit toujours ses conseils : en décembre 1813, il accepte sur ses instances le retour des Bourbons sur le trône d'Espagne, et lui propose de nouveau le poste de ministre des Relations extérieures, se voyant opposer un nouveau refus. Le 16 janvier 1814, Napoléon, durant une nouvelle scène, est sur le point de le faire arrêter ; le 23 janvier, il le nomme pourtant au conseil de régence. Ils se voient pour la dernière fois le surlendemain, à la veille du départ de l'empereur pour une campagne militaire désespérée.

Le 28 mars 1814, alors que les Alliés menacent Paris, le conseil de régence décide l'évacuation de la cour, qui a lieu les deux jours suivants. Le 30 mars au soir, Talleyrand exécute une manœuvre habile pour rester, et en maître, à Paris : il fait en sorte qu'on l'empêche de passer la barrière de Passy puis, durant la nuit, négocie la capitulation du maréchal Marmont, qui dirige la défense de la ville. Le lendemain, 31 mars, Talleyrand dévoile son « 18 Brumaire à l'envers », alors que les Alliés entrent dans Paris : ce soir-là, le roi de Prusse et le tsar arrivent à son hôtel particulier, et ce dernier y loge. Il plaide auprès d'eux le retour des Bourbons et, répondant à leurs doutes, propose de consulter le Sénat :

« Le tsar acquiesça ; la Restauration était faite. »
— Georges Lacour-Gayet, Talleyrand

Talleyrand en habit de grand chambellan (détail), par Pierre-Paul Prud'hon, portrait version rouge de 1807 (Musée Carnavalet de Paris)

Fin de la seconde partie



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PostPublié: Jeu Déc 30, 2010 3:28 am 
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Le 1er avril 1814, le Sénat élit Talleyrand à la tête d'un « gouvernement provisoire » qui fait dire à Chateaubriand qu'« il y plaça les partners de son whist »avec les Alliés pour une abdication en faveur de son fils et une régence de Marie-Louise. Napoléon Bonaparte est finalement perdu par la défection de Marmont et abdique le 6 avril. Talleyrand fait saisir toute sa correspondance avec ce dernier.

Il applique immédiatement ses idées libérales et fait en sorte de rétablir une vie normale pour le pays :

« Il fait rendre les conscrits des dernières levées napoléoniennes à leur famille, libérer les prisonniers politiques et les otages, échanger les prisonniers de guerre, il rétablit la liberté de circulation des lettres, facilite le retour du Pape à Rome et celui des princes espagnols à Madrid, rattache les agents de la police générale de l'Empire, devenus odieux, à l'autorité des préfets. Il s'efforce surtout de rassurer tout le monde et maintient autant que faire se peut tous les fonctionnaires dans leur poste. Deux préfets seulement sont remplacés. »
— Emmanuel de Waresquiel, Talleyrand, le prince immobile

Sa position est difficile, surtout à Paris : les Alliés occupent la ville, les royalistes et les bonapartistes ne reconnaissent pas le gouvernement provisoire. Il use d'expédients pour financer ce dernier.

Pendant les premiers jours d'avril, lui, son gouvernement et le Sénat rédigent à la va-vite une nouvelle constitution, qui consacre une monarchie parlementaire bicamérale, organise l'équilibre des pouvoirs, respecte les libertés publiques et déclare la continuité des engagements contractés sous l'Empire.

Le 12 avril, le comte d'Artois entre dans Paris et s'installe, en même temps que le gouvernement, aux Tuileries (à cette occasion, Talleyrand lui fait attribuer la déclaration selon laquelle il n'y a « qu'un Français de plus »). Le 14, le Sénat défère l'autorité formelle sur le gouvernement provisoire au comte d'Artois, qui accepte pour son frère « les bases » de la Constitution, mais annonce des futures réserves de la part de ce dernier.

Après le traité de Fontainebleau du 11 avril, Talleyrand signe le 23 la convention d'armistice avec les Alliés, dont il juge les conditions « douloureuses et humiliantes » (la France revient aux frontières naturelles de 1792 et abandonne 53 places fortes), mais sans alternative, dans une France « épuisée d'hommes, d'argent et de ressources ».

Le gouvernement provisoire ne dure qu'un mois. Le 1er mai, Talleyrand rejoint Louis XVIII à Compiègne, où celui-ci lui fait faire antichambre plusieurs heures, puis lui déclare au cours d'un entretien glacial : « Je suis bien aise de vous voir ; nos maisons datent de la même époque. Mes ancêtres ont été les plus habiles ; si les vôtres l'avaient été plus que les miens, vous me diriez aujourd'hui : prenez une chaise, approchez-vous de moi, parlons de nos affaires ; aujourd'hui, c'est moi qui vous dis : asseyez-vous et causons. » Dans la même conversation, Louis XVIII lui aurait demandé comment il a pu voir la fin de tant de régimes, ce à quoi Talleyrand aurait répondu :

« Mon Dieu, Sire, je n'ai vraiment rien fait pour cela, c'est quelque chose d'inexplicable que j'ai en moi et qui porte malheur aux gouvernements qui me négligent. »
— Charles-Maxime Villemarest, M. de Talleyrand.

Louis XVIII n'accepte pas la Constitution sénatoriale : il préfère accorder à ses sujets la Charte constitutionnelle qui reprend les idées libérales proposées mais rejette l'équilibre des pouvoirs, le roi en accordant aux deux chambres. Le 13 mai, Talleyrand est nommé président du Conseil des ministres (il n'a pas l'autorité d'un Premier ministre) et ministre des Affaires étrangères.

Le 30 mai, il signe le traité de Paris, qu'il a négocié : la paix entre la France et les Alliés, le retour aux frontières de 1792 (plus quelques villes, une part de la Savoie et les anciens comtats pontificaux) et l'annonce du congrès de Vienne, dont les bases sont posées. Parmi les dispositions, la France s'engage à abolir la traite négrière dans les cinq ans et les œuvres d'art pillées par Bonaparte restent en France ; il est fait chevalier de l'ordre de la Toison d'or. La principauté de Bénévent est rendue au pape : le roi le fait « prince de Talleyrand » et pair de France.

Le 8 septembre, il défend le budget devant la chambre des pairs. Pour la première fois, comme en Angleterre, l'État se voit dans l'obligation de payer toutes les dettes qu'il contracte

Dorothée de Courlande, duchesse de Dino, par François Gérard, 1816
Au terme du Congrès, la France conserve ses conquêtes de 1792, mais Napoléon Ier revient de l'île d'Elbe, porté en triomphe par les Français, ce qui ruine l'opinion des Alliés à leur sujet. Talleyrand est approché par Montrond, chargé par Napoléon de le joindre à sa cause ; il refuse , bien qu'il soit en très mauvais termes avec Louis XVIII, désormais en exil. Attendant la défaite de Napoléon (« c'est une question de semaines, il sera vite usé Après la bataille de Waterloo, le 23 juin, il arrive à Mons où se trouve le roi. D'après Emmanuel de Waresquiel, Talleyrand presse le roi, au cours d'une réunion orageuse, de renvoyer son conseiller Blacas, d'accepter une constitution plus libérale et de se distinguer des Alliés, mais n'obtient que le départ de Blacas ; d'après Georges Lacour-Gayet, il refuse de se rendre chez le roi, Chateaubriand jouant les intermédiaires. Prenant de court Talleyrand qu'il disgracie (de colère, ce dernier en perd son calme habituel), Louis XVIII rejoint les bagages de l'armée alliée et rédige une proclamation réactionnaire. Cela provoque l'inquiétude des Britanniques qui contraignent le roi à rappeler Talleyrand à la tête du conseil des ministres. À l'issue de la séance du 27 juin, marquée par des affrontements verbaux, le ministre l'emporte sur le comte d'Artois et le duc de Berry (chefs du parti ultra) et une proclamation libérale est adoptée.

Fouché, président du gouvernement provisoire, tient Paris, appuyé par les républicains. Pour Georges Lacour-Gayet et Franz Blei, Talleyrand convainc Louis XVIII de nommer Fouché, qui a voté la mort de son frère, ministre de la Police. D'après les Mémoires de Talleyrand et pour Emmanuel de Waresquiel, les réticences de Louis XVIII cèdent le pas à la nécessité politique, et c'est Talleyrand qui ne souhaite pas s'encombrer d'un homme comme Fouché. Dans tous les cas, Talleyrand négocie avec Fouché qui livre Paris au roi, et il organise une rencontre. Dans un passage fameux de ses mémoires, Chateaubriand raconte la scène :

« Ensuite, je me rendis chez Sa Majesté : introduit dans une des chambres qui précédaient celle du roi, je ne trouvai personne ; je m'assis dans un coin et j'attendis. Tout à coup une porte s'ouvre : entre silencieusement le vice appuyé sur le bras du crime, M. de Talleyrand marchant soutenu par M. Fouché ; la vision infernale passe lentement devant moi, pénètre dans le cabinet du roi et disparaît. Fouché venait jurer foi et hommage à son seigneur ; le féal régicide, à genoux, mit les mains qui firent tomber la tête de Louis XVI entre les mains du frère du roi martyr ; l'évêque apostat fut caution du serment. »
— François-René de Chateaubriand, Mémoires d'Outre-tombe

Talleyrand conserve son poste, et, le lendemain de l'arrivée du roi aux Tuileries, le 9 juillet 1815, il est nommé de surcroît président du Conseil des ministres, malgré l'opposition des ultras. Il réussit à constituer, contrairement à 1814, un gouvernement qu'il dirige et est solidaire sur la politique libérale choisie : il entame une révision de la Charte par une ordonnance du 13 juillet pour organiser le partage du pouvoir entre le roi et les chambres (la chambre des pairs devenant héréditaire, Talleyrand composant la liste des pairs), une libéralisation des élections (baisse du cens, de l'âge minimal), une libéralisation de la presse, etc...
Le gouvernement tente aussi en vain d'empêcher les armées alliées, qui occupent toujours le pays, de reprendre les œuvres d'art pillées dans toute l'Europe par Napoléon. Il essaie de renvoyer ces armées hors du royaume ; les souverains européens exigent des conditions exorbitantes pour signer la paix, que Talleyrand parvient à diminuer en abaissant par exemple les réparations de 100 à 8 millions de francs ; la France perd cependant ses conquêtes de 1792.

Il entre en conflit avec Fouché (qui a besoin de donner des gages aux royalistes) sur les débuts de la Terreur blanche dans le Midi (Talleyrand est contraint de rétablir la censure) et sur les listes de bonapartistes (Ney, Huchet de la Bédoyère, etc.) à juger. Le ministre de la Police paie de son poste cette divergence de vues, ce qui réjouit le roi et les ultras. Cela ne suffit pas : après les élections qui amènent la « Chambre introuvable », remportée par ces derniers, Talleyrand présente le 19 septembre sa démission afin d'obtenir un refus et le soutien du roi. Ce dernier, sous la pression des ultras et du tsar Alexandre (qui reproche à Talleyrand de s'être opposé à lui à Vienne), l'accepte le 23 septembre et change de ministère, appelant un gouvernement mené par le duc de Richelieu.

Talleyrand est nommé grand chambellan de France le 28 septembre 1815. Pour la première fois depuis son retour des États-Unis, il n'est pas au pouvoir, se répandant contre son successeur, le duc de Richelieu (qui pourtant fait en sorte que les titres de Talleyrand, qui n'a pas de fils légitime, soient transmissibles à son frère), certain d'être rappelé au pouvoir. Au printemps 1816, il se retire à Valençay, où il n'avait pas été depuis huit ans, puis revient un temps à Paris à l'annonce de la dissolution de la Chambre introuvable. Le 18 novembre 1816, sa critique d'Élie Decazes, ministre de la Police, dépasse les bornes (il le traite de « maquereau ») : il est interdit de se présenter à la cour, disgrâce qui dure jusqu'au 28 février 1817. Son opposition au gouvernement entraîne même une approche des ultras, opposés à Richelieu et Decazes qui poursuivent en partie la politique libérale de Talleyrand. En 1818, il a une occasion de revenir au pouvoir, mais le roi, qui ne l'« aime ni l'estime », lui préfère Jean Dessolle, puis Decazes, puis à nouveau Richelieu en 1820. Il est désormais convaincu que le roi ne veut plus de lui

Talleyrand en 1828, par Ary Scheffer
En juillet 1830, alors que l'incertitude règne, Talleyrand expédie le 29 juillet un billet à Adélaïde d'Orléans pour son frère Louis-Philippe, lui conseillant de se rendre à Paris :

« Ce billet qui amena sur les lèvres de Madame Adélaïde une exclamation soudaine : "Ah ! ce bon prince, j'étais bien sûre qu'il ne nous oublierait pas !" dut contribuer à fixer les indécisions du futur roi. Puisque M. de Talleyrand se prononçait, Louis-Philippe pouvait se risquer. »
— Charles-Augustin Sainte-Beuve, Nouveaux Lundis

Louis-Philippe revient à Paris le lendemain, se rend pour entretien chez Talleyrand et prend son parti. Celui-ci l'aide par l'entremise d'Adolphe Thiers.

Une fois roi, Louis-Philippe, après avoir souhaité faire de Talleyrand son ministre des Affaires étrangères, le nomme rapidement à sa demande ambassadeur extraordinaire à Londres, afin de garantir la neutralité du Royaume-Uni vis-à-vis du nouveau régime. La décision est critiquée à Paris, mais approuvée à Londres, où Wellington et Aberdeen sont ses amis depuis longtemps. Il est accueilli de manière grandiose le 24 septembre et reçoit le logis de William Pitt ; sa nomination rassure les cours d'Europe, effrayées par cette nouvelle révolution française, alors qu'éclate la révolution belge.

Talleyrand s'oppose au ministre Louis-Mathieu Molé : les deux hommes essayent de mener une politique sans tenir compte l'un de l'autre, le ministre menaçant de démissionner. Talleyrand prône par exemple contre Molé l'évacuation de l'Algérie, que souhaitent les Britanniques ; Louis-Philippe choisit de s'y maintenir. Molé est cependant remplacé par Horace Sébastiani, qui ne gêne pas Talleyrand.

Talleyrand argumente auprès des Britanniques pour un concept qu'il forge de « non-intervention » en Belgique, alors que l'armée hollandaise est repoussée. Des conférences entre les cinq grands s'ouvrent le 4 novembre 1830. Après avoir refusé l'idée d'une partition de la Belgique, puis avoir envisagé un temps une telle idée, il plaide pour la création d'un État fédéré neutre sur le modèle de la Suisse : il signe les protocoles de juin 1831, puis le traité du 15 novembre 1831, qui officialisent celle-ci . Il va jusqu'à passer sur ses instructions en acceptant, et même en négociant, la préservation des frontières du pays et le choix de Léopold de Saxe-Cobourg comme souverain du nouveau pays neutre Il approuve la décision du nouveau Premier ministre, Casimir Perier, de soutenir militairement cette neutralité, menacée par les Pays-Bas. Le nouveau pays fait démanteler les forteresses à la frontière française.


The lame leading the blind (« Le boiteux guidant l'aveugle », John Doyle, 1832), caricature anglaise représentant Talleyrand et Lord Palmerston

Son activité politique décroît cependant. Il reçoit, outre de nombreuses personnalités politiques[292], Alfred de Musset et George Sand (cette dernière le remerciant par un article injurieux), Honoré de Balzac et met la dernière main à ses mémoires. En 1837, il quitte Valençay et retourne s'installer dans son hôtel de Saint-Florentin à Paris.

À l'approche de la mort, il doit négocier un retour à la religion pour éviter à sa famille le scandale d'un refus de sacrements et de sépulture comme a dû subir Sieyès. Après un discours d'adieu à l'Institut le 3 mars, ses proches confient à l'abbé Dupanloup le soin de le convaincre de signer sa rétractation et de négocier le contenu de celle-ci. Talleyrand, qui joue une fois de plus sur le temps, ne signe que le jour de sa mort, ce qui lui permet de recevoir l'extrême-onction. Au moment où le prêtre doit, conformément au rite, oindre ses mains avec le saint-chrême, il déclare : « N'oubliez pas que je suis évêque » (car on devait en pareil cas l'oindre sur le revers des mains et non sur les paumes), reconnaissant ainsi sa réintégration dans l'Église. L'événement, suivi par le tout-Paris, fait dire à Ernest Renan qu'il réussit « à tromper le monde et le Ciel ».

Lorsqu'il apprend que Talleyrand est à l'agonie, le roi Louis-Philippe décide, contrairement à l'étiquette, de lui rendre visite. « Sire, murmure le mourant, c'est un grand honneur que le roi fait à ma Maison. » Il meurt le 17 mai 1838, à 15 h 35[302] ou 15 h 50, selon les sources.

N°895
Des funérailles officielles et religieuses sont célébrées le 22 mai. Embaumé à l'égyptienne, son corps est placé dans la crypte qu'il a fait creuser sous la chapelle de la maison de charité qu'il a fondée en 1820 à Valençay, où il est ramené de Paris le 5 septembre ; ce lieu devient la sépulture de ses héritiers et le reste jusqu'en 1952.

Jusqu'en 1930, une vitre laisse voir son visage momifié. La plaque de marbre qui recouvre une face du sarcophage de marbre noir placé dans un enfeu porte : « Ici repose le corps de Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, prince duc de Talleyrand, duc de Dino, né à Paris le 2 février 1754, mort dans la même ville le 17 mai 1838. »



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Marc-Pierre de Voyer de Paulmy, comte d'Argenson, est un homme d'État français né à Paris le 16 août 1696 et mort dans la même ville le 22 août 1764.

Il fut lieutenant général de police (1720, puis 1722-1724), à la suite de son père Marc-René de Voyer de Paulmy d'Argenson (1652-1721), chancelier du duc d'Orléans (1723-1740), puis ministre d'État (1742) et secrétaire d'État de la Guerre de Louis XV de janvier 1743 à février 1757.
Fils de Marc René, 1er marquis d'Argenson et frère cadet de René Louis, 2e marquis d'Argenson, il est avocat du Roi au Châtelet de Paris (1717), conseiller au Parlement de Paris puis maître des requêtes (1719).

Le 24 mai 1719, il épouse Anne Larcher (1706-1754), issue d'une riche famille de parlementaires parisiens. Ils ont deux fils dont l'aîné est Marc René (1722-1782), marquis de Voyer puis comte d'Argenson.

D'abord simple « jouet » de son père, il fait un bref passage à la lieutenance générale de police en janvier-juin 1720, puis il est nommé intendant de Touraine en 1721. Il redevient ensuite lieutenant général de police (1722-1724) et, gage de la confiance du Régent, chancelier du duc d'Orléans (1723).

La mort de son protecteur la même année arrête son ascension pour une quinzaine d'années. Conseiller d'État (28 janvier 1724), d'Argenson entre alors dans les commissions du Conseil où il participe à la rédaction des ordonnances civiles du chancelier d'Aguesseau.

Comme chancelier du duc d'Orléans, il s'efforce de rétablir les finances de la maison d'Orléans. Selon son frère, il donna à la chancellerie d'Orléans « tout le brillant et l'importance d'un ministère ».

Lié au roi Stanislas dès cette époque, il entre dans le cercle de la reine Marie Leszczyńska, aux côtés de son meilleur ami, le président Hénault, et, quoique peu religieux lui-même, s'appuie sur les dévots pour reprendre pied en politique.

La disgrâce de Germain Louis Chauvelin, en 1737, le ramène aux affaires. Le cardinal de Fleury le nomme directeur de la Librairie, puis président du Grand Conseil (1738-1740), et intendant de Paris (1741). Il renonce à la chancellerie d'Orléans (1740).


Portrait par Hyacinthe Rigaud. Collection privée.
Le 26 août 1742, il est nommé ministre d'État et appelé au Conseil comme adjoint au cardinal de Tencin. Il est nommé secrétaire d'État de la Guerre le 7 janvier 1743, au décès du marquis de Breteuil. En 1744, il est nommé surintendant des postes et relais de France.

Il soutient les réformes engagées dans l'armée par le maréchal de Saxe, en particulier dans l'artillerie, qui contribuent aux succès de 1744 et 1745.

Sa faveur est alors à son zénith : il obtient les « grandes entrées » au moment même où son frère, le marquis d'Argenson, est disgracié.

La paix d'Aix-la-Chapelle de 1748 n'arrête pas son ambition réformatrice : réunion du corps des fortifications (1743) puis de l'artillerie (1755) au département de la guerre, institution des grenadiers royaux (1744), réforme des hôpitaux militaires (1746-1747), création de l'école royale du génie de Mézières (1749-1750), édit sur la noblesse militaire (1750), nouveaux exercices à la prussienne (1750-1755), édit de création de l'École militaire, sur une idée de Joseph Paris Duverney (1751), institution des camps militaires (1753-1755), réforme du Dépôt de la Guerre (1756). C'est lui qui se porte acquéreur au nom de l'État des terrains qui vont former le Champ-de-Mars.

En 1749, au renvoi de Maurepas, il se voit confier en outre le département de Paris. Il fait dresser les plans des Champs-Élysées et de la place Louis XV.

En 1751, il reçoit la grand-croix de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis.

D'abord ami de Madame de Pompadour, il est ensuite en butte à l’hostilité de celle-ci, sans doute en raison de sa proximité avec le parti de la Reine et de son opposition à l'alliance autrichienne. Il mène également une lutte sourde contre son rival, Jean-Baptiste de Machault d'Arnouville. Il est en définitive exilé dans son château des Ormes en février 1757 et remplacé par son neveu, le marquis de Paulmy. Il ne peut revenir à Paris qu'en juin 1764, trois mois après la mort de sa puissante ennemie, pour mourir à son tour deux mois plus tard. Il est inhumé à l'église Saint-Nicolas-du-Chardonnet à Paris.

Protecteur des Philosophes comme directeur de la Librairie, il se vit dédier par Denis Diderot et Jean le Rond d'Alembert l’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers. Ami de Voltaire, il lui procura des matériaux pour son ouvrage Le Siècle de Louis XIV : « Cet ouvrage vous appartient, lui écrivit le philosophe ; il s'est fait en grande partie dans vos bureaux et par vos ordres. »

Il fut nommé membre honoraire de l'Académie des sciences en 1726 et de l'Académie des inscriptions et belles-lettres en 1748.


N°940



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PostPublié: Jeu Déc 30, 2010 5:54 am 
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Antoine-Marie Chamans, comte de Lavalette, né le 14 octobre 1769 à Paris et mort en 1830, est un militaire français, directeur général des Postes sous le Premier Empire de 1804 à 1814 et pendant les Cent-Jours.
Lavalette est né à Paris le 14 octobre 1769. Son père, limonadier, le destine d’abord à l’état ecclésiastique mais il préfère rentrer dans l’étude d’un procureur, afin de se préparer à la profession d’avocat au collège d'Harcourt.

Après de bonnes études, le jeune Antoine devient secrétaire du bibliothécaire de Louis XVI. Favorable aux idées de la Révolution, il se prononce en faveur en faveur de la famille royale lors des journées des 5 et 6 octobre 1789, 20 juin et 10 août 1792 et s’oppose aux mouvements populaires.

Il s’engage alors dans l’armée et devient officier d’état-major du général Custine en l’an II, puis aide-de-camp de Baraguey d’Hilliers l’année suivante. Le général Napoléon Bonaparte, après la bataille d'Arcole en fait son aide-de-camp en remplacement de Muiron, tué lors de la bataille.

Il assiste aux négociations des préliminaires de paix de Leoben en qualité de secrétaire ; puis, en l’an V, Bonaparte l’envoie à Paris étudier l’esprit public, afin de l’instruire des causes de la lutte qui venait d’éclater entre la majorité des conseils et le Directoire. Le Directoire ayant découvert le but de sa mission, voulut, par des menaces, le déterminer à lui livrer la correspondance de son général ; mais Lavalette préfére la brûler.
Lavalette épouse le 22 avril 1798 Émilie de Beauharnais (1781-1855), nièce de Joséphine de Beauharnais. Un mois après, le jeune marié partit pour l’Égypte. Lavalette participe ensuite à la prise de Malte, puis est expédié en mission à Corfou, avant de rejoindre le corps expéditionnaire en Égypte.


Émilie de Lavalette à la Conciergerie après l’évasion de son mari.
Il revient en France avec Bonaparte peu avant coup d'État du 18 brumaire. En janvier 1800, il est envoyé en mission diplomatique en Saxe et en Hesse. Enfin, après avoir été successivement administrateur de la caisse d'amortissement, commissaire central (1801), puis directeur général des Postes (19 mars 1804), Lavalette est nommé peu après à la section de l’Intérieur du Conseil d’État. Il est également directeur du Cabinet noir, le bureau de la censure.

Il est membre et commandeur de la Légion d'honneur, les 4 germinal et 25 prairial an XII, il fut élevé en 1808 au rang de comte de l'Empire, et le 30 juin 1811 à celui de grand officier de la Légion d’honneur.

Lors de la Première Restauration, Lavalette participe à une conspiration menée par les généraux Drouet d’Erlon, et Lefebvre-Desnouettes.

Le 20 mars 1815, apprenant le débarquement de Napoléon, Lavalette se présente à l’administration des postes et somme le directeur général Ferrand de se retirer. Napoléon s’est montré réservé à l’égard de sa démarche et a refusé de le faire ministre.

Lavalette est arrêté chez lui le 9 juillet 1815 et est traduit devant la Cour d’assises pour conspiration et usurpation de fonctions, il est condamné à mort le 21 novembre 1815.

Le 20 décembre, Émilie de Lavalette et sa fille rendent visite à leur mari et père. Lavalette parvient à tromper la surveillance des gardiens en mettant les habits de sa femme, qui reste dans la cellule, à sa place.

Avec l'aide d'Amable de Baudus, Lavalette trouve refuge dans l'appartement de fonction de Bresson chef de la division des fonds et de la comptabilité, au ministère des Affaires étrangères.

Il quitte Paris le 8 janvier 1816 avec la complicité de trois officiers anglais : Bruce, Hutchinson et le général Robert Wilson. Il revêt l’uniforme britannique et gagne Mons, en Belgique. Puis Antoine de Lavalette se dirige seul vers la Bavière, pays où il réside plusieurs années, avec la bienveillance d’Eugène de Beauharnais, d’Hortense, ses cousins, et du roi Maximilien.

Gracié en 1822, il rentre à Paris où il retrouve son épouse, Émilie, qui a perdu la raison suite à la perte de son enfant et à sa détention. Lavalette, mort sans doute d’un cancer des poumons à Paris le 15 février 1830, vivait depuis son retour dans la plus profonde retraite. Il a laissé des Mémoires.

Il est enterré au cimetière du Père-Lachaise.


N°969



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 Sujet du message: Re: PERSONNAGES ET FAITS HISTORIQUES DE FRANCE (philatélie)
PostPublié: Ven Déc 31, 2010 1:57 am 
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Sébastien Le Prestre, marquis de Vauban (entre le premier et le 5 mai 1633 - 30 mars 1707) est un homme à multiples visages : ingénieur, architecte militaire, urbaniste, ingénieur hydraulicien et essayiste français, qui préfigure, par nombre de ses écrits, les philosophes du siècle des Lumières.

Expert en poliorcétique, il donna au royaume de France « une ceinture de fer » et fut nommé maréchal de France par Louis XIV.

Vauban a voulu faire de la France un pré carré, selon son expression, protégé par une ceinture de citadelles. Il a conçu ou amélioré une centaine de places fortes. L'ingénieur n'avait pas l'ambition de construire des forteresses inexpugnables, car la stratégie consistait alors à gagner du temps en obligeant l'assaillant à immobiliser des effectifs dix fois supérieurs à ceux de l'assiégé. Il dota la France d'un glacis qui la rendit inviolée durant tout le règne de Louis XIV — à l'exception de la citadelle de Lille qui fut prise une fois — jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, où les forteresses furent démodées par les progrès de l'artillerie.

La fin de sa vie fut assombrie par l'affaire de la Dîme Royale, qu'il décida de publier, malgré l'interdiction royale : dans cet essai, Vauban proposait un audacieux programme de réforme fiscale pour tenter de résoudre les injustices sociales et les difficultés économiques des « années de misère » de la fin du règne du Roi Soleil.

Douze ouvrages de Vauban, regroupés au sein du Réseau des sites majeurs de Vauban ont été classés au Patrimoine mondial de l'UNESCO le 7 juillet 2008[

Vauban, avec sa cicatrice sur la joue gauche reçue au siège de Douai. Tableau attribué à Hyacinthe Rigaud.
Vauban est apprécié à son époque et jugé depuis comme un homme lucide, franc et sans détours, refusant la représentation et le paraître, telles qu’ils se pratiquaient à la cour de Louis XIV. Il préférait au contraire parler le langage de la vérité :

« je préfère la vérité, quoi que mal polie, à une lâche complaisance qui ne serait bonne qu’à vous tromper, si vous en étiez capable, et à me déshonorer. Je suis sur les lieux ; je vois les choses avec appréciation, et c’est mon métier que de les connaître ; je sais mon devoir, aux règles duquel je m’attache inviolablement, mais encore plus que j’ai l’honneur d’être votre créature, que je vous dois tout ce que je suis, et que je n’espère que par vous. Trouvez donc bon, s’il vous plaît, qu’avec le respect que je vous dois, je vous dise librement mes sentiments dans cette matière. Vous savez mieux que moi qu’il n’y a que les gens qui en usent de la sorte qui soient capables de servir un maître comme il faut. »
— Lettre à Louvois, le 23 novembre 1668

Ses supérieurs, le ministre de la Guerre comme le roi, l’encouragent d’ailleurs, dans un intérêt bien compris de part et d’autre. Vauban est un « sésame aux multiples portes » comme l’écrit Michèle Virol, un lieu de mémoire de la nation France à lui tout seul, un homme à multiples visages : stratège (réputé preneur de villes, il a conduit plus de quarante sièges), poliorcète (il a construit ou réparé plus de cent places fortes), urbaniste, statisticien, économiste, agronome, penseur politique, mais aussi fantassin, artilleur, maçon, ingénieur des poudres et salpêtres, des mines et des ponts et chaussées, hydrographe, topographe, cartographe, réformateur de l’armée (substitution du fusil au mousquet, remplacement de la pique par la baïonnette à douille). En un mot, une sorte de Léonard de Vinci français du Grand Siècle… Il a même écrit en 1695, pendant son séjour à Brest (il s’agissait de repousser une attaque anglaise) un Mémoire concernant la caprerie, dans lequel il défend la guerre de course par rapport à la guerre d’escadre (c’était là un grand débat depuis la bataille de la Hougue en 1692 qui avait vu nombre de navires français détruits).

Tous ces métiers ont un point commun : le maréchal ingénieur du Roi Soleil s'est toujours fondé sur la pratique, et il a toujours cherché à résoudre et à améliorer des situations concrètes au service des hommes : d’abord, ses soldats dont il a voulu à tout prix protéger la vie dans la boue des tranchées ou dans la fureur sanglante des batailles. Mais Vauban n’a cessé aussi de s’intéresser aux plus humbles sujets du roi, « accablés de taille, de gabelle, et encore plus de la famine qui a achevé de les épuiser » (1695).

C’est pour ces hommes et ces femmes, tenaillés par la misère et par la faim, qu’il a écrit ce mémoire intitulé Cochonnerie, ou le calcul estimatif pour connaître jusqu'où peut aller la production d'une truie pendant dix années de temps. Dans ce texte singulier, d'abord titré Chronologie des cochons, traité économique et arithmétique, non daté, destiné à adoucir les rudesses de la vie quotidienne des sujets du roi, trop souvent victimes de la disette, Vauban voulait prouver, calculs statistiques à l'appui sur dix-sept pages, qu'une truie, âgée de deux ans, peut avoir une première portée de six cochons. Au terme de dix générations, compte tenu des maladies, des accidents et de la part du loup, le total est de six millions de descendants (dont 3 217 437 femelles) ! Et sur douze générations de cochons, il « y en aurait autant que l’Europe peut en nourrir, et si on continuait seulement à la pousser jusqu’à la seizième, il est certain qu’il y aurait de quoi en peupler toute la terre abondamment ». La conclusion de ce calcul vertigineux et providentiel était claire : si pauvre qu'il fut, il n'était pas un travailleur de terre « qui ne puisse élever un cochon de son cru par an », afin de manger à sa faim.

Ainsi, dès qu’on aborde, qu’on approche celui que Saint-Simon qualifiait de « petit gentilhomme de campagne, tout au plus », on ne peut être que frappé par la multitude de ses compétences, de ses centres d’intérêt, de ses pensées, de ses actions :

Il fut un précurseur des Encyclopédistes par sa façon d'aborder les problèmes concrets, ainsi le budget d'une famille paysanne, par exemple, ou sa Description géographique de l'élection de Vézelay de janvier 1696 dans laquelle il propose de lever un vingtième, sans exemption, et qui se différencie en un impôt sur le biens-fonds et sur le bétail, sur les revenus des arts et métiers, sur les maisons des villes et des bourgs ;
Il est aussi dans le grand mouvement de penseurs précurseurs des physiocrates (il lit Boisguilbert ; à la même époque, écrivent Melon, Cantillon) par son intérêt pour l'agronomie et l'économie (il insiste notamment sur la circulation de la monnaie et l’idée du circuit économique dont il est un des précurseurs). Il prône les valeurs qui seront défendues au XVIIIe siècle par Quesnay, et il encourage les nobles à quitter la cour pour le service des armes mais aussi la mise en valeur de leurs domaines dans un mémoire intitulé Idée d’une excellente noblesse et des moyens de la distinguer par les Générations.
Il fut encore un précurseur de Montesquieu par sa conception d'un État chargé avant tout d'assumer la protection de tous et leur bien-être : il veut lutter contre la misère, la corruption, l’incompétence, le mépris du service public.

Dans tous les cas, Vauban apparaît comme un réformateur hardi dont les idées se situaient à contre-courant de ce que la majorité de ses contemporains pensait. Son contact avec le Roi lui permettait de soumettre directement ses idées, comme le Projet de Dime royale, qui fut bien reçu. Louis XIV lui rendait bien cette franchise, cette liberté de parole et de jugement, en lui accordant une confiance absolue en matière de défense du royaume, comme en témoigne cette lettre dans laquelle il lui confie la défense de Brest, visé par les Anglais en 1694 :

« Je m’en remets à vous, de placer les troupes où vous le jugerez à propos, soit pour empêcher la descente, soit que les ennemis fassent le siège de la place. L’emploi que je vous donne est un des plus considérables par rapport au bien de mon service et de mon royaume, c’est pourquoi je ne doute point que vous ne voyiez avec plaisir que je vous y destine et ne m’y donniez des marques de votre zèle et de votre capacité comme vous m’en faites en toutes rencontres »
.

Avant tout connu de ses contemporains pour sa maîtrise de l'art de la guerre et de la conduite de siège ainsi que pour ses talents d'ingénieur, Vauban ne se limite donc pas à ces quelques domaines. C’est bien, à chaque fois, le même homme dont toute l’œuvre, de pierre et de papier, témoigne d’une même obsession : l’utilité publique, que ce soit par le façonnement du paysage et la défense du territoire avec la construction de la « ceinture de fer » enfermant la France dans ses « bornes naturelles, point au-delà du Rhin, des Alpes, des Pyrénées, des deux mers » (1706), la transformation de l’ordre social au moyen d’une réforme de l’impôt, quand bien même, en bravant tous les interdits, faudrait-il, pour se faire entendre, passer par la publication clandestine de la Dîme royale, en 1707… « Je ne crains ni le roi, ni vous, ni tout le genre humain ensemble », écrivait-il à Louvois dans une lettre datée du 15 septembre 1671 (à propos d’une accusation lancée contre deux de ses ingénieurs). Et il ajoutait : « la fortune m’a fait naître le plus pauvre gentilhomme de France ; mais en récompense, elle m’a honoré d’un cœur sincère si exempt de toutes sortes de friponneries qu’il n’en peut même soutenir l’imagination sans horreur ».

Les progrès de l'artillerie révolutionnent la guerre de siège : depuis la Renaissance, l'augmentation d'épaisseur des murailles ne suffit plus pour résister aux effets de l'artillerie. Les ingénieurs italiens ont donc inventé les fortifications bastionnées et remparées : les murailles deviennent très basses, obliques et précédées d'un fossé. Les tirs de mitraille rendant extrêmement périlleux les assauts frontaux, l'assaillant approche les fortifications par des réseaux de tranchées.


Codification des attaques des places fortes par Vauban.
Trois tranchées parallèles reliées entre elles par des tranchées de communications en zigzags pour éviter les tirs en enfilade. Chaque tranchée est une place d'armes qui permet de rapprocher l'infanterie sur toute la largeur du front d’attaque ; la première est hors de portée de tir des défenseurs et permet de résister à un assaut à revers ; la troisième est au pied du glacis. L’artillerie est placée sur des cavaliers, relié au réseau par des tranchées plus courtes. Des redoutes protègent les extrémités de chaque tranchée.

Vauban apporte trois innovations majeures décisives aux techniques d'attaque des places fortes :

Il codifie la technique d'approche en faisant creuser trois tranchées parallèles très fortifiées reliées entre elles par des tranchées de communications en ligne brisée pour éviter les tirs défensifs en enfilade.
la première, creusée hors de portée de canon (600 m à l'époque) et très fortifiée, sert de place d'arme et prévient une attaque à revers par une armée de secours ;
la deuxième, à portée de tir permet d'aligner l'artillerie que l'on positionne vers un point de faiblesse des fortifications ;
la troisième, à proximité immédiate des fortifications permet le creusement d'une mine ou l'assaut si l'artillerie a permis d'ouvrir une brèche dans la muraille. Le retranchement doit être suffisant pour interdire une sortie des défenseurs.
L'éperon des forteresses bastionnées créant une zone où l'artillerie de l'assiégé ne peut tirer à bout portant, il est possible de disposer des levées de terre devant la tranchée immédiatement au contact des fortifications assiégées (très basses pour éviter les tirs d'artillerie). Ces surélévations qu'il appelle « cavaliers de tranchées », permettent aux assaillants de dominer les positions de tir des assiégés et de les refouler à la grenade vers le corps de place et de s'emparer du chemin couvert.
en 1688, il invente le « tir à ricochet » : en disposant les pièces de manière à prendre en enfilade la batterie adverse située sur le bastion attaqué et en employant de petites charges de poudre, un boulet peut avoir plusieurs impacts et en rebondissant balayer d'un seul coup toute une ligne de défense au sommet d'un rempart, canons et servants à la fois.
Sa philosophie est de limiter les pertes en protégeant ses approches par la construction de tranchées, même si cela demande de nombreux travaux. Il est pour cela souvent raillé par les courtisans mais il est soutenu par le roi[7]. Il rédige en 1704 un traité d'attaque des places pour le compte de Louis XIV qui souhaite faire l'éducation militaire de son petit fils le duc de Bourgogne

N°1029
Fort de son expérience de la poliorcétique, il conçoit ou améliore les fortifications de nombreuses villes et ports français, entre 1667 et 1707, travaux gigantesques permis par la richesse du pays. Il révolutionne aussi bien la défense des places fortes que leur capture. Il dote la France d'un glacis de places fortes pouvant se soutenir entre elles : pour lui, aucune place n'est imprenable mais si on lui donne les moyens de résister suffisamment longtemps des secours pourront prendre l'ennemi à revers et lever le siège). Vauban va ainsi pousser le roi à révolutionner la doctrine militaire défensive de la France en concentrant les place fortes sur les frontières du Royaume c’est la « ceinture de fer » qui protège le pays : le pré carré du roi. À l’intérieur du pays, où le danger d’invasion est moindre, les forteresses sont démantelées. Paris perd par exemple ses fortifications, d’une part, pour libérer des troupes devenues inutiles et qui sont transférées aux frontières et d’autre part, pour éviter aux révoltes de trouver asile dans l’une d’elles comme cela avait été le cas lors de la Fronde.

Au total, Vauban a créé ou élargi plus de 180 forteresses et donné son nom à un type d'architecture militaire : le système Vauban qui a largement été repris, même hors de France, comme par exemple pour les fortifications de la ville de Cadix. Il participe aussi à la réalisation d'autres ouvrages, tels que le canal de Bourbourg.

Vauban aurait entre 1667 et 1707, été le responsable de l'amélioration des fortifications d'environ 300 villes et dirigé la création de 37 nouvelles forteresses et ports fortifiés
Depuis longtemps, en effet, Vauban s'intéressait au sort des plus démunis, attentif avant tout à la peine des hommes. Ses déplacements incessants dans les provinces (Anne Blanchard estime la distance parcourue à plus de 180 000 km pour 57 années de service, soit 3 168 km par an !) sont contemporaines des années les plus noires du règne de Louis XIV, en particulier la terrible crise des années 1693-1694. Et il a pu observer, comme il l’écrit en 1693, « les vexations et pilleries infinies qui se font sur les peuples ». Sa hantise c’est le mal que font « quantité de mauvais impôts (et notamment) la taille qui est tombée dans une telle corruption que les anges du ciel ne pourraient pas venir à bout de la corriger ni empêcher que les pauvres n’y soient toujours opprimés, sans une assistance particulière de Dieu ». Vauban voyage dans une basterne, une chaise de poste de son invention, plus vaste qu’une chaise ordinaire et portée sur quatre brancards par deux mules, l’une devant, l’autre derrière. Pas de roues, pas de contact avec le sol : les cahots sur les chemins de pierres sont ainsi évités, il peut emprunter les chemins de montagne, et Vauban est ainsi enfermé avec ses papiers et un secrétaire en face de lui. En moyenne, il passe 150 jours par an sur les routes, soit une moyenne de 2 à 3 000 km par an (le maximum : 8 000 km de déplacement en une année !). Il est fortement marqué par cette crise de subsistances des années 1693-1694, qui affecta surtout la France du nord, provoqua peut être la mort de deux millions de personnes. Elle aiguisa la réflexion de l'homme de guerre confronté quotidiennement à la misère, à la mort, à l'excès de la fiscalité royale : « la pauvreté, écrit-il, ayant souvent excité ma compassion, m'a donné lieu d'en rechercher la cause ».

Grâce aux dépositions de son valet de chambre, Jean Colas, de la veuve Fétil, de sa fille et de leur ouvrier Coulon, il est possible de savoir comment se sont passés les derniers jours de Vauban.

Colas, le valet de Vauban, qui fut interné pendant un mois au Châtelet, raconte dans une déposition conservée aux archives la réaction du vieux maréchal, le 24 mars, quand il commence à s’inquiéter : « Toute cette après-dînée, le Maréchal parut fort chagrin de la nouvelle que M. le Chancelier faisait chercher son livre ». Sa réaction fut d’ordonner à son valet « d’aller promptement chez la veuve Fétil retirer les quarante exemplaires restés chez elle ». Toute la journée, il reste assis dans sa chambre, « en bonnet », près du feu. Deux dames lui ont rendu visite ce jour là (la comtesse de Tavannes et Madame de Fléot, femme du major de la citadelle de Lille) et il a accordé sans doute, à chacune d’elle un exemplaire de sa Dixme. Sur le soir, « la fièvre le prend ». Il se met au lit, et fut « fort mal le vendredi et samedi suivant… ».

Le dimanche, la fièvre est légèrement tombée : « ce dimanche matin, explique Colas, il donne ordre de prendre dans son cabinet deux de ses livres et de les porter au sieur abbé de Camps, rue de Grenelle, faubourg Saint-Germain, et de le prier de les examiner, et de lui en dire son sentiment ».

Et le soir même, il en fait aussi porter un aux Petits pères de la place des Victoires, et « un autre à son confesseur, un frère jacobin qui prêche pendant le cours de cette année au couvent de l’ordre, rue Saint-Honoré, et ne donnant le dit livre [à son valet] le dit sieur maréchal lui dit qu’il priait [ce frère] de le lire et de lui dire si, en le composant, il n’avait rien fait contre sa conscience ».

« Le mercredi 30 mars, dit Colas, sur les neuf heures trois-quart du matin, le Maréchal mourut… ».

Dès l’instant de sa mort, les exemplaires restant sont retirés, par Ragot de Beaumont, qui logeait dans une chambre de l’hôtel Saint-Jean, hôtel mitoyen et dépendant de celui de Vauban. Et dans cette chambre, explique Colas, « on y monte par un escalier qui débouche dans le cabinet du Maréchal ».

C’est Saint-Simon, on le sait, qui a fait naître l’idée que Vauban serait mort de chagrin : « Vauban, réduit au tombeau par l’amertume ». Et surtout, ce passage :

« Le roi reçut très mal le maréchal de Vauban lorsqu’il lui présenta son livre, qui lui était adressé dans tout le contenu de l’ouvrage. On peut juger si les ministres à qui il le présenta lui firent un meilleur accueil. De ce moment, ses services, sa capacité militaire, unique en son genre, ses vertus, l’affection que le roi y avait mise jusqu’à se croire couronné de lauriers en l’élevant, tout disparut à l’instant à ses yeux ; il ne vit plus en lui qu’un insensé pour l’amour du bien public, et qu’un criminel qui attentait à l’autorité de ses ministres, par conséquent à la sienne ; il s’en espliqua de la sorte sans ménagement :

N°4031
L’écho en retentit plus aigrement dans toute la nation offensée qui abusa sans ménagement de sa victoire ; et le malheureux maréchal, porté dans tous les cœurs français, ne put survivre aux bonnes grâces de son maître, pour qui il avait tout fait, et mourut peu de mois après, ne voyant plus personne, consommé de douleur et d’une affliction que rien ne put adoucir, et à laquelle roi fut insensible, jusqu’à ne pas faire semblant se s’apercevoir qu’il eût perdu un serviteur si utile et si illustre. Il n’en fut pas moins célébré par toute l’Europe et par les ennemis mêmes, ni moins regretté en France de tout ce qui n’était pas financier ou suppôt de financier ».
Mais tout cela est une légende : Vauban n’a été ni inquiété, ni disgracié et il est bien mort de maladie, d’une embolie pulmonaire (fluxion de poitrine), des conséquences de ce « rhume » dont il ne cesse de se plaindre depuis des dizaines d’années dans sa correspondance.

Reste que la Dixme royale est bel et bien une affaire, l’ultime recours d’un homme qui a voulu, par tous les moyens, se faire entendre… Et les mesures de censure n’ont pas réussi à empêcher la diffusion et le succès du livre, comme l’atteste cette lettre de Ponchartrain du 14 juin 1707 à l’intendant de Rouen Lamoignon de Courson :

« Nonobstant les deux arrests du conseil dont je vous envoie copie qui ordonne la suppression du livre de feu le maréchal de Vauban, la Dixme royale, ce même livre n’a pas cessé d’être imprimé à Rouen en deux volumes in 12. On soupçonne le nommé Jaure de l’avoir fait imprimer, ce particulié ayant esté chassé de Paris pour avoir imprimé plusieurs livres défendus ».
Effectivement, nous savons que les libraires de Rouen ont imprimé le Projet d’une dixme royale de Vauban en 1707, 1708, 1709… Et à partir de Rouen, le livre est diffusé dans toute l’Europe : le 9 septembre 1707, un éditeur néerlandais demande à Antoine Maurry (l’imprimeur de Rouen qui a fabriqué le livre) six Dixme royale de Vauban in quarto … Et en 1713, Jérôme de Pontchartrain, secrétaire d’État de la Marine et de la Maison du roi expédiait à Michel Bégon, intendant du Canada un exemplaire de la Dixme royale en lui recommandant d’étudier avec Vaudreuil, le gouverneur, les possibilités d’appliquer au Canada les principes développés par Vauban.

Et c’est la Régence, avec l’expérience de la polysynodie, qui confirme l’actualité, toujours présente, et réformatrice de Vauban : dans le Nouveau Mercure galant, organe officieux du gouvernement, on peut lire, en octobre 1715 (p. 258) que « S.A.R (le Régent) travaille tous les jours pendant trois heures à examiner les Mémoires de feu M. le duc de Bourgogne, de même que ceux de M. de Vauban »…

Vauban fut inhumé dans l'église de Bazoches, petit village du Morvan proche du lieu de sa naissance et dont il avait acheté le château en 1675. Mais son cœur est aux Invalides depuis la décision de Napoléon en 1808.






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PostPublié: Ven Déc 31, 2010 2:05 am 
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Charles Gravier, comte de Vergennes est un diplomate et homme d'État français, né le 29 décembre 1719 à Dijon et mort le 13 février 1787 à Versailles. Secrétaire d'État des Affaires étrangères de Louis XVI de 1774 à sa mort, il fut, selon le jugement de l'historien Albert Sorel, « le plus sage ministre que la France eût rencontré depuis longtemps, et le plus habile qui se trouvât aux affaires en Europe ». Son nom reste ainsi particulièrement attaché à cette fonction puisque l'on dit traditionnellement des ministres des Affaires étrangères qu'ils s'assoient dans le « fauteuil de Vergennes ».

Portrait par Antoine-François Callet.
Vergennes est né à Dijon, dans une famille de noblesse récente. Son père est maître ordinaire en la Chambre des Comptes de Bourgogne et son grand-père fut trésorier général de France à Dijon. Il étudie au collège des Jésuites de sa ville natale puis à la faculté de Droit.

Il est formé à la diplomatie par son grand-oncle, Théodore de Chavigny, ambassadeur à Lisbonne en 1740 puis il le suit à Munich en 1743 au moment de la guerre de Succession d'Autriche. Il s'initie alors aux arcanes de la politique du Saint-Empire.

Sa défense réussie des intérêts français à la cour de Trèves et Hanovre entre 1751 et 1754 l'amène à être envoyé à Constantinople en 1754, d'abord en tant que ministre plénipotentiaire, puis en tant qu'ambassadeur. Il y reste 14 ans et se convainc de l'impérieuse nécessité du maintien de l'empire ottoman pour la défense des intérêts français.

Il est rappelé en 1768, officiellement pour épouser Anne Duvivier (1730-1798), fille d'Henri Duvivier et de Maria Bulo de Péra et veuve de Francesco Testa (ca. 1720-1754), membre de l'une des plus anciennes et distinguées familles latines de Péra. Les mauvaises langues la prétendaient une ancienne esclave.

Il connaît quelques années de disgrâce à cause de ses mauvaises relations avec Choiseul. Celui-ci l'envoie comme ambassadeur à Stockholm de 1771 à 1774 pour aider le parti aristocratique des « Chapeaux » avec des conseils et de l'argent. La révolution au travers de laquelle Gustave III de Suède raffermit son pouvoir est un grand succès diplomatique pour la France.


Vergennes vers 1785, à l'apogée de sa carrière. (Gravure de V. Vangelisti)
Avec l'accession de Louis XVI au trône de France en 1774, Maurepas, sur les conseils de l'abbé de Véri, choisit Vergennes comme Secrétaire d'État des Affaires étrangères au motif qu'il est « sans entours ». Devant tout à Maurepas, ce dernier escompte qu'il lui sera fidèle. Il a alors pour politique d'être en relations amicales avec l'Autriche, de limiter l'ambition de l'empereur Joseph II, de protéger la Turquie et de s'opposer à la Grande-Bretagne.

Sa haine des Britanniques et son désir de se venger de la guerre de Sept Ans l'amène à soutenir les colons américains lors de la guerre d'indépendance des États-Unis d'Amérique. Il cède à la demande de Beaumarchais de procurer secrètement des armes et des volontaires aux Américains. En 1777, il déclare la France prête à former une alliance offensive et défensive avec le nouveau pays que forment les treize colonies.

Pour les affaires intérieures, il demeure conservateur et intrigue notamment contre Necker, qu'il regarde comme un dangereux réformateur, républicain, étranger et protestant. En 1781, il est nommé secrétaire des Finances et soutient la nomination de Calonne comme contrôleur général des finances en 1783. Pour pallier l'impasse financière de l'État, il conseille au roi de réunir l'Assemblée des notables, mais il meurt le 13 février 1787, peu de temps avant sa réunion.

Le tombeau de sa famille nivernaise, se trouve dans le cimetière de Raveau (Nièvre) où son fils, Jean-Charles Gravier, baron de Vergennes, puis sa descendance possédaient le château de Mouchy (baronnie de Passy) de 1782 à 1871. Lui-même avait acquis le château de Toulongeon à La Chapelle-sous-Uchon près d'Autun (Saône-et-Loire), que Théodore Chevignard de Chavigny venait de faire reconstruire par l'architecte Samson-Nicolas Lenoir. Ce château sera pillé et détruit sous la Révolution française et les terres vendues comme biens nationaux.

Une ville dans l'État américain du Vermont, Vergennes est nommée d'après lui.


N°1030



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Jacques Cœur est né vers 1400 à Bourges, capitale du duché de Berry, et est décédé le 25 novembre 1456 sur l’île de Chios, possession de la République de Gênes en mer Égée.

Jacques Cœur naît en pleine guerre de Cent Ans. Il est le fils d’un riche marchand pelletier de Bourges, fournisseur du duc et se marie encore mineur avec Macée de Léodepart, petite-fille du maître de la monnaie de Bourges et fille d’un prévôt de Bourges.

Son mariage l’introduit à la cour du futur Charles VII et il devient rapidement un important négociant qui acquiert en peu de temps une fortune considérable. Il noue des relations commerciales avec les pays du Levant, l'Espagne, l'Italie, et établit des comptoirs à Tours, Lyon, Montpellier et Rouen. Ses activités sont multiples (banque, change, mines, etc.). Ses bateaux sillonnent la Méditerranée chargés des étoffes d'Alexandrie, des tapis de Perse et des parfums d'Arabie ou des soieries de Florence. Il va lui-même à Damas en 1432. Quatre ans plus tard, il est maître des monnaies. En 1439, Charles VII en fait son grand argentier. Puis il est commissaire des États de Languedoc et anobli en 1440, membre du Conseil du Roi en 1442, visiteur général des gabelles pour le Languedoc en 1447. La même année il frappe des pièces d'argent connues comme « Gros de Jacques Cœur ». Il bénéficie de l'amitié que lui porte Agnès Sorel. Le superbe hôtel particulier qu’il fait construire et décorer à Bourges est un signe éminent de distinction.

Mais cette réussite éclatante est probablement la cause de sa disgrâce. Le Grand Conseil et le roi se retournent contre Jacques Cœur en l'accusant d'avoir floué le trône. Il est arrêté mais parvient à fuir et à trouver refuge auprès du pape et meurt peu après. Une enquête de quatre ans menée par Jean Dauvet à travers tout le royaume permet à la couronne de saisir une grande partie de ses biens et créances.

Buste de Jacques Cœur (situé sur la façade du palais Jacques Cœur à Bourges et commandé par l'intéressé)
Jacques Cœur est né à Bourges, vers la fin du quatorzième siècle, peut-être en 1395 ou bien encore en 1400. La date diffère selon les historiens. Les registres paroissiaux bien tenus n’existent pas encore. Toutefois, il n’est pas né dans le Bourbonnais, c’est son père qui est venu de cette province une dizaine d’années plus tôt et surtout pas à Pézenas, ville où par contre il habitera réellement pendant un temps.

Pierre Cœur, son père, est originaire de Saint-Pourçain-sur-Sioule, « marchand pelletier le plus riche de son temps », suivant d’anciens auteurs. L’opulence de la cour du duc Jean Ier de Berry permet un très bon débit de pelleteries Bourges est alors une ville importante dans laquelle le commerce est florissant. Pierre Cœur épouse Marie Lambert, veuve d'un boucher, Jean Bacquelier. Les bouchers forment une corporation riche et renommée au Moyen Âge.

Jacques est parait-il né dans une maison proche de l’église Saint-Pierre-le-Marché, rue de la Parerie, au bord de l’Yèvre, où son père exerce la profession de marchand pelletier.

Le petit Jacques passe sa petite enfance dans ce quartier de la rue des toiles, au pied du rempart avant d'aller habiter à l'angle de la rue des Armuriers et du Tambourin d’Argent, en face d'une superbe maison appartenant à la famille de Lambert de Léodepart, son futur beau-père. Son père s’est installé là car le palais du duc Jean Ier de Berry n’est pas loin. Il poursuit ses études à la Sainte-Chapelle. Le duc est un grand bâtisseur, il possède plus de quinze châteaux, c'est un ami des artistes, on lui doit une des plus belles œuvres de la littérature : Les Très Riches Heures du duc de Berry.

L’enfance de Jacques Cœur ne paraît pas avoir été studieuse, au dire d'un contemporain, qui le représente comme étant sans littérature, sine litteris. Mais en revanche, il est de bonne heure initié par son père à la vie pratique des affaires, et ses qualités personnelles suppléent à son défaut d'instruction.

Jacques Cœur a 15 ans lorsque se déroule une des plus cuisantes défaites de l’armée française à la bataille d’Azincourt, une partie importante de l’aristocratie est décimée et une part essentielle de la France passe sous la coupe des Anglais. Trois ans plus tard, le dauphin, futur Charles VII quitte précipitamment Paris, chassé par Jean sans Peur et se réfugie en Berry, devenant « le petit roi de Bourges », titre donné avec beaucoup de dérision. La présence du dauphin et de la cour va stimuler la ville sur le plan des échanges et du commerce.

Jean Bochetel, secrétaire de Charles VII, arrière-grand-père de Guillaume Bochetel, épouse l’une de ses sœurs. L’un de ses frères est évêque de Luçon et l’autre le père de Perrette qui épouse Jean de Village, Chambellan du duc de Calabre, capitaine général de mer, par lettres de Louis XI du 8 janvier 1453; viguier de Marseille en 1473 et 1474. Ce maître des galères de Jacques Cœur lui reste fidèle et le libère de son incarcération à Beaucaire. Il participe à la conquête de Naples.

Très jeune, Jacques Cœur gère un des douze changes de la ville. Considéré comme un homme des plus industrieux et des plus ingénieux, il se marie en 1420, ou 1418, avec la fille d'un ancien valet de chambre du duc Jean Ier de Berry, Lambert de Léodepart, devenu prévôt de Bourges . La belle-mère de Jacques Cœur, Jeanne Roussart, est la fille d'un maître des monnaies du Bourges, et c’est sans doute son mariage qui être à l’origine de sa carrière au service du roi de France.

Pourtant, il se retrouve, jeune encore, impliqué dans un procès qu'a provoqué la fabrication de monnaies faibles de poids, gracié moyennant une légère amende. En effet, en 1427, associé avec un sieur Pierre Godart, changeur, il afferme la monnaie de Bourges, et fabrique au nom de Ravau le Danois, maître titulaire de ladite monnaie. Deux ans après il est accusé d'avoir fait affiner trois cents marcs d'argent au-dessous du titre, ce qui lui aurait procuré un bénéfice de six à sept vingt écus. Ravau le Danois sollicite en 1429 des lettres de rémission pour ce fait, et le roi les accorde moyennant une amende de 1 000 écus d'or. D’autres ont été ou seront envoyés dans une basse fosse ou sur une galère pour le même délit.


Sculpture représentant Macée de Léodepart, femme de Jacques Cœur, sur la façade de l’hôtel Jacques Cœur.
Même le destin de ce fils de pelletier s’est joué en 1418, quand son mariage avec la petite-fille du maître de la monnaie de Bourges l’a introduit à la cour du futur Charles VII, l'attention du roi Charles VII est surtout attirée sur l'heureux commerçant. Malgré les abus qui lui sont reprochés, on le retrouve maître des monnaies à Bourges en 1435. L'année suivante, après la reddition de Paris, l'hôtel des monnaies de celle ville lui est également confié, et il y fait fabriquer les écus d'or à la couronne, dont la valeur réelle ne tarde pas à concurrencer les monnaies anglaises. Charles VII croit pouvoir demander plus encore à l'activité du maître des monnaies : il rétablit la charge d'argentier, et la lui confère. Le 2 février 1439 : Jacques Cœur devient grand argentier du royaume de France. Cette charge consiste à recevoir tous les ans des trésoriers généraux une certaine somme affectée aux dépenses de la maison du roi, et dont il devait faire connaître l'emploi à la chambre des comptes. Entre les mains de Jacques Cœur ces fonctions prennent un caractère d'une utilité beaucoup plus générale. En régularisant l'emploi des finances du roi, livrées au désordre, et en créant des ressources nouvelles, il contribue puissamment à fournir les moyens dont Charles VII a besoin pour délivrer la France du joug anglais. La taille et le fouage (impôts directs), les aides et la gabelle (impôts indirects) sont progressivement institués à l'aide de Jacques Cœur, grand argentier du roi. La levée de ces impôts entraîne la création de nouvelles institutions
« Cet homme intelligent », dit Jules Michelet, « rétablit les monnaies, invente en finances la chose inouïe, la justice, et croit que pour le roi, comme pour tout le monde, le moyen d'être riche, est de payer ». Il comprend les bienfaits de la statistique pour établir l'assiette de l'impôt et l'évaluation des ressources, et présente au roi un dénombrement sommaire de la population et du revenu du royaume ; de plus, des instructions pour policer la Maison du roi, le royaume de France. Ces services signalés méritent un témoignage de reconnaissance.

Au mois d'avril 1440, Charles VII accorde à son argentier des lettres d'anoblissement pour lui, sa femme et ses descendants. Le marchand est devenu homme d'État, le roturier devient noble, et prend armoiries : D'azur à la fasce d'or, chargées de trois coquilles de sable, allusion à saint Jacques, et accompagnées de trois cœurs de gueules, avec cette devise : A vaillans cuers riens impossible.


Statue de Jacques Cœur à Bourges
En cette année 1444, le roi offre à Agnès Sorel vingt mille six cents écus de bijoux dont le premier diamant taillé connu à ce jour. Pour se procurer ces atours précieux, elle devient la meilleure cliente de Jacques Cœur, marchand international et grand argentier du roi, qui a amassé des trésors venus d’Orient dans son palais de Bourges. Elle consomme de grandes quantités d'étoffes précieuses et, bien sûr, toutes les femmes de la cour l’imitent.

Une amitié va les lier, elle protège Jacques Cœur, et cela lui permettra de monter dans l'honorabilité et favorise son commerce. Il est l’un de ses trois exécuteurs testamentaires avec Étienne Chevalier et le médecin d'Agnès, cela donne une idée des liens entre elle et Jacques Cœur. Certains auteurs ou romanciers feront d'une liaison entre Jacques Cœur et Agnès Sorel la clé des malheurs du grand argentier.

Elle meurt à l’âge de vingt-huit ans au Mesnil-sous-Jumièges, le 9 février 1450. L'enfant meurt quelques semaines après elle. Sa mort est si rapide qu’on croit tout d’abord à un empoisonnement. On accuse même Jacques Cœur, de l’avoir fait assassiner, mais il fut lavé de ce chef d’inculpation. Les soupçons se portèrent alors jusqu'au XXIe siècle sur le dauphin, le futur Louis XI, ennemi du parti qu’elle soutient. L'accusation d'empoisonnement tombe d'elle-même. Agnès Sorel est morte en couches, et son enfant a vécu six mois. Aussi, Jeanne de Vendôme, convaincue de calomnie, est condamnée à faire amende honorable. Jacques Cœur étant très jalousé pour sa grande fortune, ses ennemis et ses envieux parviennent à le perdre. Après la mort d'Agnès Sorel qui le protégeait, Charles oublie ses services et l'abandonne à l'avidité des courtisans, qui se partagent ses dépouilles. Accusé de crimes imaginaires, il est arrêté pour malversation en 1451.


Le 31 juillet 1451, après avoir entendu le Grand Conseil, le roi Charles VII, au château de Taillebourg près de Saint-Jean-d'Angély (Charente-Maritime), décide d'imputer à Jacques Cœur le crime de lèse-majesté, ce qui a pour conséquence l'arrestation immédiate du Grand Argentier, astreint à tenir prison fermée, et entraîne la mise sous séquestre de ses biens. Antoine de Chabannes participe au procès de Jacques Cœur, partie par devoir, partie par jalousie, et bénéficie largement du dépeçage de ses biens, se voyant octroyer en fief une bonne partie de la Puisaye, et le château de Saint-Fargeau.

Jacques Cœur eut la satisfaction d'assister au Grand Conseil du château de Taillebourg, sans aucune information préalable. Le roi prend aussitôt cent mille écus pour la guerre de Guyenne. Le Florentin Otto Castellain a pour sa part les fonctions d'argentier. Mais ce qui est particulièrement odieux, c'est que ceux même qui s'enrichissaient des dépouilles de l'inculpé furent ses geôliers, les commissaires de son procès et ses juges. Mais les ennemis sont nombreux. Il y a trop de gens intéressés à ne pas laisser déclarer innocent un homme dont ils ont déjà en partie partagé les biens : ceux à qui il a prêté de l'argent sans intérêt, et dont la liste est longue, se trouvent tout d'un coup quittes de leurs dettes par la condamnation de leur bienfaiteur; ainsi il ne faut pas s'étonner s'il s'élève contre lui tant d'ennemis qui lui cherchent des crimes pour le rendre coupable. Ils obtiennent donc du roi une autre commission pour faire informer sur de nouvelles accusations ; les principales est qu'il avait fait sortir du royaume de l'argent et du cuivre en grande quantité ; qu'il avait renvoyé à Alexandrie un esclave chrétien qui s'était réfugié en France, et avait abjuré le christianisme depuis son retour en Egypte ; qu'il avait contrefait le petit scel du secret du roi et ruiné le pays de Languedoc par des exactions sans nombre, par d'affreuses concussions colorées de différents prétextes propres à faire retomber sur le prince tout le mécontentement des peuples. On l'accuse enfin d'avoir, sans la permission du roi et du pape, transporté chez les Sarrasins une grande quantité d'armes qui n'avait pas peu contribué, disait-on, au gain d'une victoire remportée par ces infidèles sur les chrétiens.

En octobre, Jacques Cœur, emprisonné depuis 1451, torturé, dépossédé de ses biens, s’évade de la prison de Poitiers avec la complicité du pape qu’il rejoint à Rome.

Charles de Culant, Grand Maître de l'Hôtel de France, frère de Philippe de Culant, maréchal de France, en mars 1451, est une autre des victimes du procès de Jacques Cœur. Il est accusé d'avoir détourné à son profit la solde des gens d'armes. Sur les comptes, il mentionne la solde des francs archers alors qu'il s'agit d'écuyers, la différence de cette solde finit dans sa poche. Il a, quelque temps plus tôt, ourdi un complot contre son oncle l'amiral Louis de Culant (1360–1444). Ses offices lui sont supprimés Charles VII de Georges Minois

Le 14 juin 1452, une réunion générale se tient au château de Chissay, à proximité de Tours, pour faire le point sur l'affaire Jacques Cœur, savoir s'il convient de poursuivre l'instruction et de lever le secret.

À tout il répond avec simplicité et précision. Il explique et justifie tout, protestant qu'il avait servi constamment le roi sans lui avoir fait aucune faute d'avoir pris larcineusemeut aucun de ses deniers. On lui demande ses preuves, et on le met dans l'impossibilité de les fournir. On éloigne de lui tous ceux qui peuvent lui être utiles, et on n'accueille que les dépositions de ses ennemis, gens paillards, perdus, indignes, accusés de meurtre et décriés par leurs crimes, disent dans leurs plaintes les cinq enfants de Jacques Cœur. Ceux-ci tiennent mémoire sur mémoire, et n'obtiennent rien. L'évêque de Poitiers, Jacques Jouvenel des Ursins, et l'archevêque de Bourges réclament l'argentier, comme clerc tonsuré, au nom de la juridiction ecclésiastique. Le pape lui-même écrit à Charles VII en faveur de l'argentier, et envoie un ambassadeur ; tout est inutile. Le procès traîne en longueur, pendant que le prisonnier est conduit de château en château, de château de Taillebourg au château de Lusignan, de Lusignan à Maillé, puis à Tours et à Poitiers.

La commission dont Castellain fait partie décide de faire donner la question à Jacques Cœur. Celui-ci dépouillé de ses vêtements et garroté, sent son cœur faiblir à l'aspect de la torture. Une vie toute de bonheur et de luxe n'a pas affermi son âme contre les souffrances. Il renonce à son appel à la juridiction ecclésiastique, et s'en rapporte au témoignage de qui l'on veut. C'est au milieu de ces peines de corps et d'esprit que Jacques apprend que sa femme venait de mourir, à Bourges. En effet, Macée de Leodepard est morte de chagrin dans le cours de son procès[

Jacques Cœur face à la justice fait amende honorable.
Le 29 mai 1453, après avoir entendu le Grand Conseil, le roi Charles VII, au château de Lusignan, décide d'imputer à Jacques Cœur le crime de lèse-majesté, ce qui a pour conséquence l'arrestation immédiate du Grand Argentier, astreint à tenir prison fermée, et entraine la mise sous séquestre de ses biens. Jacques Cœur est reconnu coupable sur tous les chefs, flétri, condamné à quatre cent mille écus d'amende et à confiscation du reste de ses biens au profit du roi. Il doit rester en prison jusqu'au paiement de l'amende et ensuite être banni hors du royaume.

Sur le fait seul de l'empoisonnement d'Agnès Sorel, l'arrêt ne reconnaît pas la culpabilité de Jacques, mais aussi il ne proclame pas son innocence, disant simplement : « pour ce que du procès n'est pas en état de juger pour le moment, il n'est fait aucun jugement, et pour cause. » Ce trait peint la bonne foi des juges et du roi.

Jacques Cœur reçoit, le 2 juin 1453, à Poitiers, commandement de payer la somme de quatre cent mille écus. Trois jours après un échafaud est dressé sur la grande place de cette ville, et en présente d'une foule immense, Jacques à genoux, sans ceinture ni chaperon, une torche de dix livres de cire au poing, doit faire amende honorable. Le procureur général Jean Dauvet met incontinent l'arrêt à exécution, quant aux biens. Maisons, châteaux, seigneuries, mines, marchandises, galères, tout est saisi. Quant aux créances des tiers sur les biens, on refuse, par ordre du roi, d'en reconnaître aucune.

Tout ce que la reconnaissance peut inspirer à Charles VII est d'accorder cinq cents livres aux enfants de l'argentier; et nous voyons l'état de détresse de l'un d'eux, Ravant, peint dans ce fait que le procureur général doit lui faire faire deux robes noires fourrées d'agneau, un chaperon et un pourpoint, « le tout jusqu'à vingt-huit livres tournois en déduction des cinq cents livres ». Ensuite on remet à Ravant vingt-cinq livres, mais seulement après qu'il a juré qu'il n'a pas un seul denier pour vivre.


Jacques Cœur meurt en commandant une flotte du pape essayant d'arrêter le déferlement des Ottomans sur la chrétienté, illustré par cette toile montrant l'entrée de Mehmed II dans Constantinople.
Jacques Cœur s'évade donc en 1454 avec l'aide de complices arlésiens et marseillais, après un peu moins de trois ans de prison. Le plus périlleux est fait ; mais Jacques et son escorte ne s'arrêtent pas à Tarascon. Ils gagnent, à travers la Crau, le petit port de Bouc où une embarcation les attend. On navigue jusqu'à Marseille, et de là Jacques se rend à Nice, par la route terrestre. Une de ses galères le transporte de Nice, d'où il parvient heureusement à Rome. Le pape Nicolas V, qui apprécie beaucoup Jacques Cœur depuis le voyage diplomatique que celui-ci a fait Rome en 1447, veut qu'il demeure en son prорrе palais, et le fait soigner par ses médecins. Miné par la maladie qu'il fait à la suite des mauvais traitements endurés, Jacques Cœur passe l'année 1455 à Rome, à recueillir les débris de sa fortune, car tout n'était pas en France : nombre de galères se trouvaient en mer pendant son procès, et il a des biens qui sont entre les mains de ses correspondants d'Italie et du Levant. De plus, il reçoit des bénéfices qui ont pu être mis à l'abri par certains ses agents demeurés fidèles. Jean de Village vient lui rendre des comptes.

En 1456, il s'embarque sur une flotte que le pape Calixte III a armée et lui a confiée pour porter secours aux chrétiens menacés par les Ottomans, alors maître depuis peu de Constantinople. Jacques Cœur devient le conseiller et le financier de l’expédition. Il a le titre de capitaine général de l'Église et commande la flotte sous la direction du patriarche d'Aquilée. L'expédition passe par Rhodes, puis aborde à Chios. Pendant son séjour dans cette île, le capitaine général tombe malade ou est blessé, et meurt le 25 novembre 1456. Il est enseveli au milieu du chœur de l'église des Cordeliers. Avant d'expirer il écrit au roi Charles VII pour l'implorer en faveur de ceux de ses enfants qui sont séculiers, afin qu'ils puissent vivre sans nécessité.

L'obituaire de Saint-Étienne de Bourges lui donne le titre de capitaine-général de l'Église contre les infidèles, et Charles VII, auquel il recommande ses enfants en mourant, déclare dans des lettres du 5 août 1457, que Jacques Cœur étoit mort en exposant sa personne à l'encontre des ennemis de la foi catholique. Le pape fait allusion à des combats contre les Turcs, ce qui est intéressant. Il écrit en effet : « inibi actibus bellicis contra eosdem Infideles insistendo ».

N°1034



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"La Capricieuse" Armée pour la première fois le 1er septembre 1849, La Capricieuse reste à Toulon jusqu'au mois de mai 1850 quand elle reçoit l'ordre de rallier la station d'Indochine ; elle appareille le 28 mai, touche Teneriffe, Montevideo puis Conception le 29 juillet. Elle y mouille auprès de La Sérieuse à bord de laquelle sont transbordés les 150 gardes-mobiles qu'elle aurait dû transporter à San Francisco. Sa traversée du Pacifique va être marquée par des mouillages successifs aux îles Gambier et aux Marquises en novembre, puis à Papeete et aux Carolines. Après une étape de quelques jours consacrée aux observations scientifiques, La Capricieuse repart pour Guam, Macao et Manille où elle mouille en mai 1851. Au mois de juin elle remonte jusqu'à Shanghai puis regagne Manille en décembre et entreprend ensuite une nouvelle campagne le long des côtes d'Indochine. Elle atteint Singapour en janvier 1852 ; accompagnée du Cassini, elle prend la direction de Batavia, puis revient vers les Philippines en passant par les Moluques, reconnaissant au passage les côtes de Mindanao. Pendant la fin de l'année 1852, La Capricieuse recommence l'expédition de l'année précédente le long des côtes de Chine, mais au cours de l'année 1853, elle se borne à effectuer deux missions à Wampoa. Ayant reçu l'ordre de revenir en France en passant par La Réunion, elle lève l'ancre le 1er septembre et arrive à Toulon en mars 1854.


En 1855. La Capricieuse, avec le capitaine de vaisseau Belvèze, est envoyée en mission au Canada dans le but de renouer des relations avec cette ancienne colonie (où aucun bâtiment français n'avait paru depuis sa cession, en 1761, à l'Angleterre) et d'y établir des rapports directs de commerce avec la France.
Le 16 janvier 1856, La Capricieuse appareille encore une fois de Toulon - ce sera la dernière - pour se rendre à nouveau en Chine. Elle passe par Teneriffe, touche Rio de Janeiro le 6 mars et arrive le 22 avril à Sirnon's bay qu'elle quitte le 2 mai. Le 9 juin, elle franchit le détroit de la Sonde, le 12 celui de Banca et mouille le 15 à Singapour d'où elle appareille le 29 juin pour le golfe du Siam, près de Bangkok, qu'elle quitte le 21 septembre pour aller explorer les côtes du Cambodge jusqu'au 7 octobre. Elle remonte alors vers Tourane où l'attend la corvette à roues le Catinat et où elle mouille le 24 octobre après avoir essuyé un typhon près des Paracels. Elle appareille le 7 février pour se rendre à Macao et de là à Hong-Kong. Le 11 juin, La Capricieuse se rend dans le nord avec l'aviso Marceau, mouille à Ning-Po et prend quelques jonques de pirates qu'elle est obligée de couler ; elle ramène leurs équipages à Macao après avoir touché Chin-Ai et Amoy.
Le 2 septembre, notre corvette repart de Hong-Kong avec la Durance, un transport, pour aller à Shang-Hal où elle passe au bassin. Le 26 novembre, toujours avec la Durance, elle fait route de nouveau pour Hong-Kong. Le 11 décembre, remorquée par la corvette mixte Phlégéton, elle remonte jusqu'à Canton, prend part à la prise de cette ville et y reste en station jusqu'à son départ pour la France le 19 juin 1860, tandis qu'une partie de son équipage et presque tous les officiers du bâtiment dont le commandant, le capitaine de vaisseau Jules Collier, sont détachés à terre pour y tenir garnison.

N°1035
Après avoir complété ses vivres à Hong-Kong, pris des malades de Macao, embarqué des soldats d'infanterie de marine congédiables, elle fait route le 7 juillet pour sortir des mers de Chine par le canal de Bachi, les détroits de Bougainville et d'Ombay. Elle relâche dix jours à Amboine, en repart le 30 août et mouille le 28 septembre à La Réunion qu'elle quitte le 10 octobre. Après une escale au Cap du 30 octobre au 11 novembre, La Capricieuse coupe la ligne le 29 de ce mois et mouille à Toulon le 31 décembre 1860.
Désarmée définitivement dans ce port en janvier 1861, La Capricieuse est rayée des listes de la Flotte le 18 mars 1865. Elle sera démolie en 1868.
source: netmarine



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PostPublié: Ven Déc 31, 2010 4:50 am 
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En mai 1860, la GUIENNE lancé le 15/10/1859 à La Ciotat, inaugure un service postal Bordeaux-Sénégal-Brésil-La Plata jusqu'en 1866 ; il fait naufrage le 1/8/1873.

N°1446



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PostPublié: Ven Déc 31, 2010 5:03 am 
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L'Antoinette les cap-horniers mettaient un anneau d'or à l'oreille lors du franchissement du Cap Horn afin que les frais d'un enterrement religieux soient couverts si leur corps était retrouvé après un naufrage.
L'armement Bordes (ou armement A-D Bordes ou Bordes et Fils) fut une compagnie maritime française de 1868 à 1935 principalement nantaise et dunkerquoise qui se retrouva au premier rang mondial du transport maritime à voile dans le premier quart du XXe siècle
En 1835, Antoine-Dominique Bordes qui a 18 ans part travailler en Amérique du Sud comme agent maritime. Il a 30 ans en 1847 quand il s'associe au capitaine Le Quellec pour commercer entre le Chili et la France. En 1849 les deux associés créent une compagnie de voiliers joignant Bordeaux (où la compagnie originelle est d'abord installée) et Valparaiso. Cela représente 170 jours de mer à l'époque. La nouvelle compagnie dispose alors de dix navires : un voilier en fer Blanche et Louise de 800 tonnes et 9 bâtiments en bois.

Le capitaine Le Quellec décède en 1869 et Antoine-Dominique Bordes devient propriétaire de la flotte de voiliers après s'être rendu à Bordeaux pour racheter la part du fils Le Quellec. La compagnie de navigation Bordes est créée. Jusqu'à la mort du fondateur, la compagnie s'établit rue du conservatoire à Paris et organise son trafic à partir des ports de Nantes et de Dunkerque. La compagnie augmente considérablement sa flotte et étend ses activités. Quatorze clippers trois-mâts en fer sont commandés dès 1869 aux chantiers Ecossais de la Clyde (des trois-mâts barques et trois-mâts carrés de 1200 tonnes), ce qui porte la flotte à 24 unités. En 1898 la compagnie se classe déjà comme la septième flotte française avec 37 navires pour 79 MTx. A partir des années mille huit cent soixante dix, les navires de la compagnie transportent également du nitrate chilien vers sur Liverpool et Glasgow.

La compagnie Bordes profite en 1880 d'une crise grave du fret maritime pour racheter 11 voiliers aux armements en difficulté si bien qu'à la mort du fondateur, en 1881, la flotte comporte 41 unités. Au décès de Antoine-Dominique Bordes, ses fils Adolphe, Antonin et Alexandre Bordes continuent la société.

Poursuivant la politique expansionniste du fondateur, les frères Bordes commandent de nouveaux quatre-mâts, plus performants et plus rentables que leurs aînés les trois-mâts. Quatre de ces grands clippers sont construits en Angleterre en 1888 et un cinq-mâts, le premier battant pavillon français, est lancé deux ans plus tard, le 2 septembre 1890, sous le nom de France. Ce navire de 133 mètres de long pouvait emporter 6 000 tonnes de marchandises. À l’époque il fut considéré comme le plus grand au monde. Il n'effectua cependant que quatorze voyages, dont la moitié au départ de Dunkerque, sombrant en 1901 au large des côtes de l'Argentine. Néanmoins, en 1905, l'armement Bordes était placé premier mondial des compagnies à voile avec 33 voiliers. Puis la flotte augmente encore et passe à 35 grands voiliers cap-horniers, dont 17 trois-mâts. La majorité étaient armés au salpêtre. Ils allaient au Chili, important du charbon qu'ils chargeaient sur les côtes anglaises, puis revenaient en Europe avec le nitrate. La flotte continue de grandir.

N°1674
Quand commence la Première Guerre mondiale, l'armement Bordes est constitué de 46 navires, 60 capitaines, 170 officiers et 1400 matelots et maîtres. Il était le spécialiste du transport de nitrate entre le Chili et la France. La compagnie importait d'ailleurs la moitié du nitrate européen. Pendant le conflit, ses navires effectuèrent ainsi cent vingt deux voyages pour approvisionner les ports français, ce qui fut primordial pour l'effort de guerre. En effet, le nitrate était, à cette époque, un constituant des poudres pour les explosifs. Ces rotations auront donc une importance capitale pour le sort des armes. À noter que la compagnie avait été réquisitionnée par l'État début 1917, ce qui avait occasionné un changement de nom, l'armement Bordes devenant la Compagnie d'armement et d'importation des nitrates de soude.

Cependant, les grands navires à voiles, lents et peu manœuvrants, seront des cibles faciles pour les sous-marins allemands. Bien que les voiliers furent écartés du trafic européen à partir de l'été 1917, 23 navires seront coulés durant le conflit.

Après la guerre, l'augmentation des frais généraux due à l'enchérissement des assurances, des salaires et du travail (bordées de 8 heures..) sonne partout le glas du transport maritime à voile supplantée par la marine à vapeur. La compagnie Bordes finit par abandonner ce type de transport en 1925 et son activité périclite. La société est dissoute en 1935.



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PostPublié: Ven Déc 31, 2010 5:10 am 
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Trois-mâts terre-neuvas "Côte d'Emeraude" L'un des premiers navires connus pour avoir pratiqué la pêche à la morue "es parties de la Terre-Neuve" était la "Jacquette", armée à Dahouët en 1510, avec Garoche et Lefroux, matelots natifs d'Erquy. En 1523, un navire d'Erquy "La Françoise", capitaine Julien Le Roux est signalé à La Rochelle, de retour de Terre-Neuve, pour y vendre sa cargaison de morues, y charger des vins. La pêche à Terre-Neuve dura jusqu'aux guerres du règne de Louis XIV. Erquy y prit une part non négligeable. A la même époque, le pêche côtière principalement au maquereau prenait avec vigueur le relais jusqu'au traité d'Utrecht (1713), qui mit fin à la guerre de succession d'Espagne.
Les marins d'Erquy embarquèrent régulièrement au 18ème siècle pour Terre-Neuve sur les navires de Saint-Malo et sur ceux de la baie de Saint-Brieuc, Le Légué, Binic, Portrieux, où les armateurs avaient des intérêts dans le pays de Dahouët et d'Erquy. Ils y faisaient cuire dans les nombreux fournils de la paroisse du "pain de mer", y mettaient en barrique "beurre et viandes salées", s'occupaient d'y faire fabriquer divers matériaux d'avitaillement, dont des cordes de chanvre (3 familles de cordier à Erquy)..
La pêche se pratiquait soit "à la morue verte sur le Grand-Banc", soit à partir de l'embouchure du Saint-Laurent où les équipages débarqués établissaient des "cabanes" leur servant d'habitation, des "échaffauds" pour sécher les morues et des installations ("foissières") pour en extraire de l'huile. La pêche se pratiquait "à la faux" à bord de chaloupes, ancêtres des doris. Les morues étaient débarquées sur le "chaffaud" à l'aide de "piquois". Les "vignaux" ou tréteaux servaient à faire sécher la morue en claies. La pêche provenant du Petit-Nord pouvait être livrée au Havre, voire Marseille après avoir embouqué le détroit de Gilbraltar, d'où étaient ramenés huile et savon.
La petite noblesse locale figurait dans l'état-major des Terre-neuvas provenant autant d'Erquy que de Pléhérel, du Cap-Fréhel, de Saint-Malo, dont le comte de la Villethéart (propriétaire du château de Bien-Assis en 1765) et Gouyon du Vaurouault (la Ville-Gour).
Dans les années 1770-1780, la pêche fut particulièrement active et Erquy fait même quelques armements pour la pêche à Terre-Neuve.

La fin de la Grande pêche

A la fin du 19ème siècle et jusque l'entre deux guerres, dans la 1ère moitié du 20ème siècle, les habitants des villages de Tu Es Roc, les Hôpitaux et Langouria, embarquent en nombre pour la grande pêche, principalement sur les bancs de Terre-Neuve et plus rarement pour Islande, à la voile puis au vapeur. Les équipages embarquent régulièrement à Saint-Malo. Entre deux campagnes, au début du 20ème siècle, les marins travaillent dans les carrières pendant l'hiver et pratiquent la petite pêche en doris, au maquereau à l'affare. Les morues étaient mises à sécher sur le plancher des greniers pour blanchir ou sur les façades des maisons, au soleil, attachées à des os de mouton. Le flétan était enterré pour mieux le conserver (témoignage de Pierre Le Guen).


N°1717



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Il n'y a d'homme plus complet que celui qui a beaucoup voyagé,
qui a changé vingt fois la forme de sa pensée et de sa vie.
Alphonse de Lamartine
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