J’apprécie beaucoup la présence et la participation sur Forum Québec d’interlocuteurs de nationalités variée. J’irais même jusqu'à dire que c’est ce qui m’a poussé à m’inscrire il y à peine plus de 24 heures.
Tu sais certainement Vonroust que les Québéquois et tous les Canadiens sont très fiers de leur participation aux deux guerres. Nous sommes tellement fiers du courage et de la détermination de nos parents et de leurs amis que parfois on se laisse aller à dire qu'on a sauvé la France. J'avoue que les Américains et les Anglais nous ont un peu aidés
Je suis né en 1951, dès mon enfance les faits d'arme de la génération qui m'avait précédée m'ont fasciné. Dans l’histoire d’un jeune pays, peu populeux, les raisons de se sentir fiers de notre passé sont peu nombreuses, D’un autre coté les événements qui nous font ressentir de la honte sont aussi très rares.
À quelque part dans cette discussion tu mentionnes que quand à l’école vous appreniez l’histoire de la dernière guerre vous ressentiez un grand sentiment de honte. Je sympathise beaucoup avec les Français qui ont dû vivre avec cette honte d’avoir eus au sein de leur population des éléments aussi noirs.
Il m’est arrivé souvent jadis de casser du sucre sur le dos des Français face aux Allemands lors de la deuxième guerre.

J’allais jusqu’à dire, à la blague, que le drapeau blanc faisait partie de l’équipement standard du soldat Français. Oui je sais ce n’était pas très gentil mais il faut comprendre que cette fierté de faire partie d’un peuple héroïque qui avait ``sauvé la France`` me rendait la capitulation du gouvernement Français et surtout la collaboration avec l’ennemi, très peu reluisante voire même honteuse.
Avec l’âge vient la sagesse et la remise en question de nos valeurs. Il y a peu de sujets sur lesquels je n’ai pas d’opinion mais je garde toujours la porte ouverte à changer mon idée si des éléments nouveaux viennent s’ajouter à ma connaissance du dit sujet. Souvent l’exercice de remettre en question notre vision d’un événement, en tenant compte du contexte social et politique de l’époque, nous amène à changer notre mentalité. Bref, J’ai beaucoup réfléchis sur ce qu’ont vécus les Français le lendemain de cette dernière guerre.
Qui sommes nous pour juger, nous n’avons pas connu la guerre sur notre territoire. Certes, mais notre pays à fait le maximum avec les moyens qu’il avait pour endiguer le raz de marée Allemand. Nos soldats se sont donnés à 100% pour ``sauver la France`` dans les régions où ils ont combattus. Donner sa vie dans un pays étranger outre- mer n’a pas le même sens que de la donner pour sa Patrie envahie par l’ennemi. Surtout comme en 1942 à Dieppe où plus de 3250 Canadiens sur 5000 ont été tués, fait prisonnier ou ont été blessés dans la seule journée du 19 Août. Ils ont donné leur jeunesse bien inutilement juste parce que quelqu’un voulait tester les défenses ennemies pour préparer un éventuel débarquement. Les gens des régions où se sont battus les soldats Canadiens ne nous ont jamais caché leur reconnaissance, nous le savons tous.
L’Europe n’avait pas fini de panser ses plaies suite à 14-18, 21 ans de paix c’est très peu. Ça je l’ai bien compris et depuis longtemps. Les Allemand étaient trop fort, trop bien armés pour qu’un pays seul, détruit par la guerre précédente, puisse offrir une résistance significative. La décision du gouvernement Français de ne pas combattre ne peut être jugé sans tenir compte du contexte et surtout du rapport de force. C’est le débordement qui en a suivit qui est horrible. Le gouvernement de Vichy à salit le peuple Français en allant plus loin que les Allemand eux même. Le peuple Français à souffert des atrocités venues de ses propres dirigeants. La population n’avait pas le choix de plier l’échine.
L’occupation d’un pays par un autre invariablement, fait toujours ressortir la nature humaine dans toute sa gamme qui s’étend du meilleur jusqu’au pire. Malheureusement l’histoire ne retiendra pas toujours le passage des héros obscurs.
Quand je repense à la France de cette époque, il me vient à l’esprit les milliers d’hommes et de femmes qui ont formé la Résistance dès les débuts de l’occupation. Il fallait avoir des couilles aussi grosses que le cœur pour avoir le courage (avec des moyens très limités et sans support étrangers) de se battre contre les occupants. À ce nombre des patriotes de la Résistance il ne faut pas oublier de mentionner ceux qui dans l’ombre les ont supportés, cachés, nourris et soignés au risque de leur vie.
Devant cette France héroïques, je me tiens bien droit, je lève mon verre et je dis affectueusement :
Chapeau maudit Français
