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Montréal: "Ma ville fout le camp", par R. Martineau

Publié : mar. juin 07, 2011 9:03 am
par Mark
Une chronique de Martineau qui parle de Montréal... À 250 km de la Métropole, je la trouve aussi terne, moche et malade... Et quand j'y vais, je me dis la même chose, surtout en comparaison avec Québec.

Loin de me réjouir, ce constat est plutôt catastrophique pour le Québec tout entier, Montréal étant la vitrine économique et culturelle de la province.

Montréalais, vous en pensez quoi ?

* * *

Ma ville fout le camp

Il fut un temps où je me vantais d'être Montréalais. Quand j'allais à l'étranger et qu'on me demandait d'où je venais, je ne répondais pas "Québec", mais "Montréal", en bombant légèrement le torse.

Aucune direction

Aujourd'hui, je crois que même sous la torture, je refuserais de dire où j'habite.

Je répondrais «Bratislava», «Chibougamau» ou «Kuala Lumpur».

Qu'est-il arrivé à cette ville, nom de Dieu ? On dirait que le trou où Montréal s'enfonce est sans fond.

On ne sent aucune direction, aucun plan de match. La ville se développe à la «va-comme-je-te-pousse».

Un quartier des spectacles pris en sandwich entre la Place des arts, la Main et le Complexe Desjardins, tellement comprimé qu'il ressemble à une femme de 400 livres qui tenterait de porter du 12.

Un vizir (Richard Bergeron) et un calife (Luc Ferrandez), qui, comme les personnages de la comédie fantastique Les Visiteurs, croient que l'automobile est une invention des Sarrazins.

Un maire qui ne sait pas, qui ignore, qui n'est pas au courant.

L'échangeur Turcot qui s'effrite, le pont Champlain qui menace de s'effondrer, la rue Sherbrooke qui mène au pont Jacques-Cartier complètement bouchée, des cônes orange partout, des détours, des rues sales et transversales transformées en sens uniques, une communauté anglophone qui agit comme si la loi 101 n'avait jamais existé -- bref, le foutu bordel.

Ce n'est pas une ville, c'est une tumeur en béton qui se développe de façon complètement anarchique.

Le cas du plateau

Et puis il y a le Plateau. Un cas en soi.

Un jour, le Plateau rêve de devenir une République socialiste indépendante, capable d'imprimer sa propre monnaie (un écu en carton recyclable frappé du profil d'Amir Khadir).

Et le lendemain, le fief de Luc Ferrandez se prend pour le cousin cool de Ville Mont-Royal, une sorte de communauté clôturée réservée aux cyclistes qui font 150 000 $ par année.

Autant Montréal m'épatait naguère, autant cette ville m'exaspère et me décourage.

Et qui est la personne la plus à même de remplacer Gérald «je le sais pas, j'suis pas au courant, j'étais pas là» Tremblay ?

Louise Harel. Au secours !!!!

Le grand embouteillage

Un petit mot en terminant sur le naufrage de l'opération SharQc.

Un policier m'a écrit sur l'engorgement du système de justice qui a permis à 31 bandits inculpés de trafic de drogues de retrouver la liberté.

Il y a quelques jours, ce flic a donné une contravention à un automobiliste parce que celui-ci ne portait pas sa ceinture de sécurité. L'homme a décidé d'aller contester sa contravention en cour.

Le policier a été sommé à comparaitre pour donner sa version des faits.

Durée de la procédure : une heure. Le policier a passé 20 minutes dans le box, la juge a pris 10 minutes pour expliquer sa décision, l'automobiliste a témoigné pendant 30 minutes, etc.

Tout ça pour une simple histoire de ceinture. Vous imaginez le temps que ça prend pour un méga procès ?

«Comme le chantait Robert Plant : And it makes me wonder... », de dire le policier dans son courriel.

Vous n'êtes pas seul à vous poser des questions, monsieur.

Richard Martineau

Lien: Journal de Montréal