Le piment le plus piquant du monde, le Bhot Jolokia, est cultivé dans le Nord Est de l’Inde, dans l’Assam principalement. Son inscription au livre Guinness des records il y a quelques mois a officialisé la nouvelle. Les fermiers de la région comptent sur cette publicité pour doper l’économie de l’Etat rongé par la pauvreté et les insurrections.

"Mes mains se sont mises à trembler, ma langue brûlait et mes yeux pleuraient"… Téméraire, cet Américain a goûté au piment Bhot Jolokia et a eu du mal à se remettre de son expérience. "La douleur a duré pendant plusieurs jours", raconte-t-il. La force de ce piment est telle que les habitants de l’Assam le surnomment le piment « fantôme ». Selon la légende, celui qui en mangerait verrait les esprits et pourrait finir par devenir un fantôme lui-même. "C’est tellement fort qu’en le mangeant, on a l’impression de mourir", renchérit Digonta Saikia, cultivateur de Bhut Jolokia.
Dans l’Assam, tout le monde consomme ce petit fruit à peine plus gros qu’un pouce, cultivé depuis des siècles. "C’est devenu une partie de notre culture", affirme Digonta Saikia. En sauce, en pâte ou tout simplement cru en tranches, le Bhot Jolokia fait partie de la gastronomie locale. Il est paradoxalement apprécié pour ses vertus curatives contre la chaleur et contre les maux d’estomac.
Encore récemment, rares étaient les étrangers à connaître ce piment et ses effets décoiffants. L’inscription du Bhot Jolokia au livre Guinness des records lui a valu consécration mondiale et publicité inattendue. Tout a commencé lorsqu’en début d’année, l’Institut des piments de l’Université du Nouveau Mexique a révélé un chiffre étonnant. Selon l’étude, le Bhot Jolokia a un taux de capsaïcine, la molécule responsable de l’effet piquant, supérieur à 1 million de scovilles. A titre de comparaison, le taux du tabasco varie entre 2500 et 5000 unités. Le Bhot Jolokia écrase tous ses concurrents puisque l’ancien détenteur du record, le habanero, cultivé en Californie, a un taux deux fois inférieur.
Depuis, la culture de Bhot Jolokia ne s’est jamais aussi bien portée. Leena Siakia dirige une société d’exportation de produits locaux. "Le Bhot Jolokia a un potentiel énorme", raconte-t-elle. L’avantage de ce piment réside dans sa très forte concentration. Les fabricants de sauces et autres condiments à base de piment ont besoin d’acheter peu de Bhot Jolokia pour leurs préparations. Leena Saikia a vendu une tonne de ce piment à l’étranger l’année dernière, elle a pour objectif cette année d’en exporter plus de douze tonnes vers douze pays. Les fermiers ont déjà étendu leurs champs et le gouvernement d’Assam parle de programmes de développement.
Les habitants de l’Assam se réjouissent de cette bonne nouvelle. L’Etat est plongé dans la pauvreté et les troubles politiques. Pour l'économie de la région, le Bhot Jolokia s'annonce comme une valeur sûre.
Source: aujourdhuilemonde. com