MBC, MBC, MBC... On ne voit plus que lui, mais quelle clairvoyance !
Attention, c'est une "entreé de blogue" comme dit Mathieu. Un brouillon, c'est ça ?
François Legault et ECR
MATHIEU BOCK-CÔTÉ - 29 FÉVRIER 2012
Le site Pour une école libre nous rapporte la position de François Legault sur le cours ECR. Non seulement il ne connaît pas vraiment ce cours (il semble le prendre pour un vague cours d’histoire des religions à la fin du secondaire qu’il oppose à un enseignement religieux à l’école) mais en plus, il s’engage à le maintenir tel quel. Il s’agit d’un positionnement étrange qui en dit beaucoup à propos ce qui ne va pas à la CAQ.
Un petit rappel: ECR n’est pas un cours d’histoire des religions. Non plus qu’un cours de culture religieuse. C’est un cours qui fait la promotion de l’idéologie des accommodements raisonnables, comme je le rappelais récemment sur ce blogue. Ses promoteurs le reconnaissent ouvertement. Comme l’a remarquablement démontré Joëlle Quérin, ceux qui passent par ECR apprendront à valoriser le multiculturalisme et à se méfier de sa critique.
J’ajoute: sauf quelques éléments isolés, les adversaires du cours ECR ne souhaitent aucunement le retour de la religion à l’école. Chose certaine, je ne le souhaite certainement pas. L’école ne devrait pas servir à faire la promotion d’une religion, non plus que d’une idéologie particulière. Si le cours ECR était véritablement un cours d’histoire des religions, il n’aurait pas de détracteurs sérieux. Mais justement, il ne l’est pas. ECR instrumentalise la religion pour promouvoir une conception multiculturaliste de l’identité québécoise.
Ce ralliement de la CAQ au cours d’ECR est peut-être symptomatique des raisons de sa régression actuelle dans l’opinion publique. Car depuis le début, la CAQ s’est réfugiée dans un centrisme gestionnaire qui semble de moins en moins adapté à une course à trois où chaque parti politique devra préciser son offre idéologique. L’effet de nouveauté dissipé, le programme de la CAQ semble bien fade. Et puisque la politique est riche de paradoxes, la CAQ s’accroche plus que jamais à son pragmatisme gestionnaire alors qu’il l’a fait couler dans les sondages.
C’est un peu comme si la CAQ présentait moins un programme politique qu’un programme comptable. C’est pourtant une évidence pour ceux qui connaissent un peu l’histoire politique: le créneau du gestionnaire comptable compétent s’épuise rapidement. Un parti ne peut se contenter d’un discours économique et gestionnaire. On s’attend d’un parti qu’il rassemble des candidats compétents, certes. Mais on s’attend à plus de lui.
Un programme politique doit porter aussi quelques propositions symboliques fortes. Car les électeurs ne votent pas que sur des chiffres, mais aussi sur des symboles. Les électeurs savent bien que le bien commun n’est pas réductible au PIB, non plus qu’à des statistiques prouvant ou non l’efficacité des services publics. Ils savent que la politique ne relève pas seulement de l’efficacité mais de choix de société, qui témoignent de valeurs, d’idéaux. La politique n’est pas faite pour additionner les intérêts individuels, mais pour les transcender dans un projet collectif.
La question de l’éducation offre ici le meilleur exemple. Si je puis me permettre, François Legault aurait dû écrire son programme en éducation juste en sortant d’une représentation de Monsieur Lazhar. Ce n’est pas de milliards supplémentaires qu’a besoin l’éducation au Québec. Mais d’une «révolution philosophique» dont le congédiement de la réforme scolaire, avec sa pédagogie sans humanisme ni culture, serait le symbole le plus convaincant. Ce qui est fondamental ne coûte pas toujours une somme astronomique. Ramener l’école québécoise à l’humanisme pédagogique, cela n’implique pas des milliards. Cela implique du courage.
Analysons la chose plus largement en termes de positionnement électoral. La CAQ avait deux choix. Elle pouvait d’abord incarner un parti de droite décomplexé, «tatchérien». Elle aurait dû alors capitaliser sur le ressentiment populaire contre le modèle québécois et dramatiser les enjeux liés à sa réforme. Il s’agissait d’une stratégie risquée qui lui aurait néanmoins permis de préciser son identité idéologique. Il n’est pas interdit de penser qu’elle aurait alors mobilisé des catégories sociales pour l’instant étrangères au jeu politique. Elle aurait dû ajouter à ce positionnement une défense ferme du principe du Québec d’abord, sans quoi tout positionnement politique vire à l’insignifiance.
La CAQ pouvait aussi incarner un parti nationaliste de centre-droit, réconciliant dans un même programme une critique modérée du modèle québécois et la défense de l’identité culturelle de la majorité francophone. C’était son créneau le plus naturel. C’était celui qui se dégageait depuis une dizaine d’années au Québec. Legault n’aurait pas fait la souveraineté. Il ne l’aurait pas dénigré non plus. Il aurait plutôt invité la société québécoise à consolider ses assises fondamentales avant de se relancer dans un grand projet politique. Legault aurait alors porté un nationalisme de conservation en bonne partie nécessaire dans une société qui a oublié sa fondamentale précarité identitaire.
Mais Legault n’a rien fait de tout ça. Il a congédié la question nationale plutôt que d’en assurer une nouvelle formulation. Il n’a pas pris au sérieux la défense de l’identité québécoise, même s’il a montré à quelques reprises une ouverture envers un discours identitaire modéré. Mais il ne lui a jamais donné de suite. En se réfugiant dans l’extrême-centre, en refusant d’avancer des propositions fortes, la CAQ risque de se faire contaminer par le malaise qu’elle prétend combattre : la paralysie de la société québécoise.
La CAQ n’offre pas un discours fort. Ni sur l’éducation, où elle ne critique pas sévèrement la réforme. Elle s’est à peine risquée il y a quelques semaines à critiquer la bureaucratisation abusive de la société québécoise. Mais on devine bien qu’elle n’est jamais sortie des limites étroites d’un réformisme à la pièce ne questionnant aucunement l’idéologie du Québec officiel mais qui prétend plutôt administrer ses institutions de manière plus efficace.
Cela nous ramène à ECR, qui représentait une chance pour la CAQ. Bien joué, cet enjeu lui aurait permis de définir à sa manière son rapport au nationalisme québécois. D’en formuler sa propre vision. Elle a décidé de ne pas le faire. Et de se réfugier derrière le consensus factice entretenu par la pédagocratie du ministère de l’éducation. Parce que François Legault se moque des questions identitaires? Parce qu’il adhère à une version molle de l’idéologie diversitaire? Parce qu’il continue d’adhérer à sa manière à la réforme scolaire? Parce que ses amis libéraux fédéraux ont une réaction épidermique devant tout discours identitaire? Qui sait. Le résultat est le même.
La CAQ de François Legault n’était pas sans vertus. Les Québécois l’envisageaient comme un mal nécessaire. Mais elle nous a montré très rapidement ses limites. Si François Legault veut éviter d’enterrer son parti dans le cimetière des «troisièmes voies» avortées qu’a connu le Québec à travers son histoire récente, il devrait rompre avec l’idéologie gestionnaire qui est la sienne et voir s’il a les moyens d’un programme politique en rupture avec la rectitude politique telle qu’elle s’impose sur un nombre impressionnant d’enjeux publics. Un positionnement plus réfléchi à propos d’ECR en serait certainement l’occasion.
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La CAQ vouée à l'échec ?
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La CAQ vouée à l'échec ?
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Re: La CAQ vouée à l'échec ?
Excellent sujet!
Comme j'ai hâte de lire le point de vue de Léo et D'harry!
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Il semblerait que la moitié du monde ne soit là que pour écoeurer l'autre moitié.
- Myna
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Re: La CAQ vouée à l'échec ?
J'ai toujours pensée que la CAQ était voué à l'echec .. Et j'ai bien aime le textecaliméro a écrit :Excellent sujet!
Comme j'ai hâte de lire le point de vue de Léo et D'harry!

L'expérience est cette chose merveilleuse qui vous permet de reconnaître une erreur quand vous la faites à nouveau.
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Re: La CAQ vouée à l'échec ?
Je ne suis pas Caquiste et le Caquisme ne m'intéresse pas.caliméro a écrit :Excellent sujet!
Comme j'ai hâte de lire le point de vue de Léo et D'harry!
Moi j'aime bien le parti Québécois, parce que c'est pour moi le seul parti qui a des idées, qui est honnête et qui ma toujours semblé faire de son mieux pour tous les Québécois, il ne sont pas parfait, exemple les retraites en santé, mais ils ont fait de leur mieux.
Tandis que les Libéraux ne font que dépenser de l'argent avec leur amis privilégiés, sont corrompus et ils n'ont pas d'audace et d'idée les Libéraux.